Artiste français apprécié des grands collectionneurs internationaux, Bernar Venet fut, dans les années 1960, le précurseur de l’art conceptuel. Et pourtant, le milieu artistique français l’a toujours boudé et ne lui a jamais reconnu son rôle à l’origine de ce mouvement. Une immense rétrospective, la plus complète jamais réalisée, vient d’ouvrir ses portes au Musée d’art contemporain de Lyon et veut réparer cette injustice. Un ensemble inédit de plus de 170 œuvres retrace une soixantaine d’années de la création de Bernar Venet.
L’œuvre protéiforme de Bernar Venet reste curieusement assez mal connue en France. Sans doute, parce qu’elle a souvent fait objet d’expositions parcellaires, soit sur ses célèbres sculptures gigantesques en acier, soit ses fameuses peintures de goudron noir des années 1960, conçues bien avant les monochromes noires du peintre Pierre Soulages. Conceptuel avant l’heure, l’artiste du sud de la France, doué pour le dessin, échappe au destin tout tracé d’ouvrier promis par sa famille.
L’art de s’allonger torse nu dans un dépôt d’ordures
Vidéos, photographies, dessins, peintures, sculptures, il cherche les expériences artistiques depuis son service militaire. Alors âgé de 20 ans, le jeune Bernar épate ses compagnons avec sa première performance, être allongé torse nu dans un dépôt d’ordures. N’entrant pas dans les cases de l’époque, son amitié avec l’artiste Arman l’incite à s’exiler à New York en 1967. Il y rencontre Marcel Duchamp, Frank Stella et figure dans les plus grandes expositions des artistes conceptuels.
Cette rétrospective met en lumière le parcours d’un homme de 77 ans, plus épris de quête que de certitudes, bien plus engagé dans l’audace que dans l’art d’amadouer la beauté.
RFI