DIGNES FILS DU SENEGAL, LEVEZ-VOUS !

« Les peuples ont les moyens de mettre un terme aux dérives d’un régime » (Macky Sall)

C’est un imbroglio total et une confusion extraordinaire qui règnent dans notre pays ; ça va dans tous les sens et ce, par la seule et unique faute d’une équipe aux affaires composée d’incompétents, de farfelus, de voleurs, de faussaires, de trafiquants de drogues durs, d’antipatriotes et d’adeptes invétérés du « njucc-njacc ». S’il y a une chose à craindre et que tout le monde redoute, c’est de voir notre charmant pays, jadis, organisé, stable et bien géré, sombrer dans le chaos et prendre le chemin incontrôlable d’une anomie catastrophique et dévastatrice. Comme je l’ai dit récemment, la République est par terre et l’Etat à terre. Rien ne semble fonctionner selon les règles et les principes communément admis dans tout pays normal qui, de surcroît, se réclame démocratique.

Les autorités actuelles, à travers leurs attitudes et comportements déviants, à la limite de la délinquance institutionnelle, d’aucuns diraient du banditisme d’Etat, ont imprimé et dicté une nouvelle normalité dans la gestion des affaires publiques tant dans le domaine politique, économique que social. Une nouvelle normalité viciée et vicieuse que l’on ne peut appréhender qu’à travers le prisme déformant des contre-valeurs et des antivaleurs qu’ils ont, eux-mêmes, érigées en références suprêmes aux antipodes et en totale contradiction avec les valeurs sociétales positives qui ont de tout temps constitué le socle de notre unité nationale, de notre cohésion sociale , de notre désir sincère et de notre volonté commune de vivre en harmonie dans un environnement sécurisé à tout point de vue, à l’abri  de l’injustice, de l’arbitraire, de la haine, de la peur et des besoins primaires.

Malheureusement, les Sénégalais ont subi sous le régime corrompu et dévoyé de son Excellence, le Président de la République, Macky Sall, les pires moments de leur histoire politique. Ils ont connu toutes formes d’inégalités, d’injustices et vécu les pires brimades et les plus féroces répressions dont certaines se sont soldées par des morts ; il n’est que de citer les événements douloureux et tragiques du mois de mars dernier ou quatorze jeunes compatriotes ont été tués sans que l’on puisse trouver un seul coupable. L’oppression choisie par le régime en place comme modèle de gouvernance publique n’a qu’un seul objectif, celui d’imposer la pensée unique au Sénégal qui ne devra connaître et reconnaître qu’une seul constance,  un seul maître, le Président Macky Sall que certains de ses partisans n’hésitent pas à considérer comme la projection orthogonale de Dieu sur terre. Le Président Macky Sall et ses affidés veulent imposer la soumission entière et l’abdication totale de tout un peuple devant les dérives indécentes et inadmissibles d’une ploutocratie décadente composée de politiciens véreux, d’intellectuels démissionnaires et rentiers, de prétendus marabouts concupiscents et corrompus, de magistrats vendus et d’hommes de médis stipendiés, véritables mercenaires de la plume et du micro.

Si, aujourd’hui, la République est fortement ébranlée dans son fonctionnement, c’est la faute à trois catégories de fonctionnaires appartenant les uns à une entité institutionnelle et les autres à des entités corporatistes ; il s’agit des magistrats exerçant au sein de la justice considérée comme un pouvoir constitutionnel, des autorités territoriales décentralisées et les membres des forces de défense et de sécurité agissant dans le cadre de leur administration respective. Quel que soit leur statut, ces trois entités disposent de prérogatives institutionnelles voire constitutionnelles réelles mais dont, malheureusement, elles se servent, non pas pour répondre aux aspirations du peuple, mais tout juste pour servir ou pire pour plaire au Prince. C’est le lieu de rappeler ces mots du Chevalier Hector de Villiers s’adressant au Roi Louis IVX « Sire, il est difficile de servir et de plaire ». A l’évidence, certains magistrats, notamment ceux de la haute hiérarchie, certaines autorités décentralisées ainsi que certains responsables des forces de défense et de sécurité ont choisi de plaire au Prince. Aux forces de l’ordre, on pourrait accorder, dans certains cas d’espèce, des circonstances atténuantes dans la mesure où elles n’ont pas, en tant qu’agents d’exécution astreints à l’obéissance hiérarchique, la même marge d’appréciation. Il n’en demeure pas moins que beaucoup pour ne pas dire la plupart de leurs dérives et bavures résulte d’un excès de zèle de mauvais à la loi, notamment quand il s’agit du respect des droits humains.

Concernant la justice, sa réputation est au plus bas au sein de l’opinion et l’aura dont elle bénéficiait au sein de la population a été largement et profondément entamé par des pratiques aux antipodes et en totale contradiction avec l’esprit de la balance qui symbolise l’équilibre du jugement, l’équité des décisions et l’égalité des justiciables devant la loi. La justice sénégalaise n’exprime plus et n’incarne plus ce sacerdoce impersonnel, juste et désintéressé qui permettait aux magistrats de s’ériger en régulateurs sociaux et comme dernier rempart contre l’arbitraire, la dictature et la tyrannie. Plus qu’une dégradante et déshonorante instrumentalisation, la justice est l’objet d’une odieuse et abjecte réification de la part des tenants du pouvoir qui ont peu d’estime, aucun respect et point d’égard envers les magistrats qu’ils considèrent comme des objets insignifiants, sans conscience ni âme, qu’ils peuvent manipuler à leur guise, comme bon leur semble et leur faire faire tout ce qu’ils veulent.  Hier, fiers de leur statut, aujourd’hui, les magistrats rasent les murs ne souhaitant même plus se faire interpeller par leur qualité. Quel triste sort pour cette justice dont le lustre d’antan pouvait s’apprécier à travers des icônes comme Kéba Mbaye et tant d’autres, aujourd’hui disparus.

Aujourd’hui, avec les dépôts des listes et l’examen des dossiers pour les élections locales à venir, la magistrature se voit offrir une occasion inespérée de se réhabiliter, de redorer son blason et de renouer le lien de confiance, ne serait-ce que partiellement, avec les populations. La validation des différentes listes est du ressort de la justice et c’est l’occasion pour les magistrats de rétablir l’opposition dans ses droits face aux abus des autorités administratives qui ont agi sur instructions de leur hiérarchie dans le seul but de réduire les chances de celle-ci.  L’impératif pour les magistrats c’est de créer les conditions d’une compétition ouverte permettant à toutes les listes de participer aux élections à venir ; il ne faudrait que par des subterfuges on instaure un parrainage à travers des décisions administratives abusives et discriminatoires. Encore qu’il faille signaler qu’au regard des dispositions pertinentes et claires de la loi 2010-11 du28 mai 2010 imposant la parité absolue des femmes et des hommes dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives, toutes les listes de la Coalition Benn Bokk Yaakar doivent être déclarées irrecevables. Aux magistrats, je dirais, plutôt que vous acharner sur le sieur Barthélémy DIAS pour l’empêcher de diriger la mairie de Dakar, vous feriez mieux de prendre votre courage à deux mains pour dire le droit, seulement le droit et uniquement le droit, et au-delà du droit qui est une construction humaine, de dire tout simplement la vérité qui appartient à Dieu.

Quant au commandement territorial, certaines autorités se sont illustrées de manière flagrante et honteuse lors des dépôts des listes, rejetant systématiquement, et certainement sur instructions, des listes prétendument incomplètes sans accorder la moindre possibilité aux mandataires de procéder aux réglages nécessaires alors même que le délai imparti était toujours en cours ; une intolérance suspecte et volontaire pour nuire à autrui. De tels comportements indignes d’un représentant de l’Etat censé incarner la neutralité, traduisent une volonté manifeste de faire obstacle aux listes concurrentes à celle de la coalition du Président de la République. La crédibilité du commandement territorial est mise à rude épreuve à travers cette présente séquence de dépôts de listes. Par le passé, j’ai eu à magnifier le travail des autorités déconcentrées et à les glorifier, les nommant « Chevaliers de la République ». Mais, aujourd’hui, avec tout ce qui se passe sous nos yeux incrédules, tout ce dont nous sommes tous témoins, il faut admettre que certains préfets et sous-préfets ne se comportent guère en chevaliers de la république, mais plutôt, et c’est dommage, regrettable et désolant, en véritables « scélérats de la république », en « Renégats de République », en dégoûtants et exécrables hommes de sac et de corde censés représenter une administration qui, jadis, était reconnue comme la meilleure d’Afrique. Autant il y a des préfets et sous-préfets imbus des principes, valeurs républicains et des règles déontologiques, se référant en toutes circonstances, aux enseignements de la grande Ecole nationale d’administration, autant il y en a qui, par carriérisme, veulerie, pusillanimité voire cupidité, sont enclins et même prompts à vendre leur pauvre âme  au diable.

Par rapport aux forces de défense et de sécurité, je me permettrais de leur adresser mes très vives, sincères et chaleureuses félicitations pour le bon travail qu’elles fournissent globalement dans le cadre de leurs délicates et difficiles missions régaliennes. Elles doivent assurer la défense du pays, de la patrie, de la république et de l’Etat contre toutes les formes d’agressions extérieures ; de même qu’elles doivent assurer la sécurité des personnes, des biens et des institutions contre les menaces de la société elle-même. Nos forces de défense et de sécurité, dans le cadre des opérations extérieures, notamment onusiennes, nous représentent dignement faisant montre d’un professionnalisme qui force le respect.

Ceci dit, il faut reconnaître et admettre que, pour l’heure, les forces de défense et sécurité ne sont pas en odeur de sainteté avec les populations au service desquelles elles sont censées être. Il y a l’évidence, comme qui dirait, une rupture de confiance entre les forces régaliennes et les populations ; et cela concerne plus les forces de sécurité que sont la Police nationale et la Gendarmerie nationale, chargées, à titre principal, de la sécurité intérieure. Depuis un certain temps ces deux forces qui régulièrement en première ligne sont sur la sellette par rapport à leurs interventions sur le terrain mais aussi par rapport à ces nombreux cas de décès dans leurs locaux. Il arrive souvent de constater de la part de certains membres de ces deux entités des comportements et des attitudes en totale contradiction avec leur credo professionnel et leurs principes déontologiques. Il n’est d’évoquer les récents et douloureux événements du mois de mars pour en avoir la parfaite illustration. Il a été constaté la présence massive de nervis avec toutes sortes d’armes exerçant des sévices corporels sur d’innocents citoyens qui n’avaient eu que la malchance de se retrouver sur leurs chemins ; des scènes d’une extrême violence perpétrées sous les yeux des forces de l’ordre qui semblaient avoir délégué à des voyous et autres chenapans leurs missions régaliennes de maintien et de rétablissement de l’ordre public. On a vu des membres de forces de l’ordre encadrer et accompagner des nervis dans l’accomplissement de leurs sales besognes. Au Sénégal, l’implication et l’utilisation des nervis sont cautionnées par les plus hautes autorités ; n’a-t-on pas vu le Président de la République se faire escorter par des nervis alors qu’il dispose de forces républicaines en charge exclusivement de sa sécurité.

Il y a une urgente nécessité à revoir le paradigme des relations entre les forces de défense et de sécurité et les populations qui leur assurent leurs équipements, leurs salaires et toutes formes d’avantages financiers et matériels inhérents à leur statut. Aux populations qui ne sont exemptes de. Dans les différentes chartes sur les droits de l’homme, il est reconnu que la garantie de ceux-ci nécessite la présence d’une force publique, seulement cette force publique ne doit pas être utilisée au profit de ceux à qui elle a été confiée mais pour l’intérêt général. Aux populations, il faut faire comprendre que les forces de défense et de sécurité sont nécessaires pour la sécurité du pays, la stabilité de la république et des institutions, la garantie d’une cohésion sociale ; aussi, faut-il, par des déclarations diffamatoires et stigmatisantes, éviter de fragiliser les forces de défense et sécurité.

Il appartient aux forces de défense et de sécurité de comprendre qu’elles exercent un service public au nom des populations et pour le seul profit de celles-ci. Et à titre, les populations censées bénéficier de ces prestations ont le droit d’en apprécier la qualité ; le travail des forces de l’ordre doit pouvoir être jugé et apprécié à la fois par les autorités et par les populations. Il faut pacifier et civiliser les rapports entre les forces de l’ordre et les populations par l’instauration d’un climat de confiance réciproque et de respect mutuel qui ne doit point exclure que chacune des parties assume pleinement et totalement ses devoirs et responsabilités. Les forces de l’ordre sont astreintes à l’obéissance hiérarchique à laquelle elles ne peuvent se soustraire ; seulement, elles doivent agir dans La stricte observation des protocoles d’intervention et du respect des droits humains. Il y a tout lieu de rappeler que les enjeux du maintien de l’ordre, c’est de préserver l’ordre établi avec des méthodes modérées de coercition pour éviter l’usage de la force qu’impose le rétablissement de l’ordre. Le maintien de l’ordre repose sur trois principes : d’abord, prévenir pour ne pas avoir à réprimer les troubles, ensuite, trouver l’équilibre entre l’ordre nécessaire et le désordre acceptable et enfin, intervenir face à un citoyen devenu momentanément un adversaire mais jamais un ennemi.

Malheureusement, il arrive souvent que certains membres des forces de l’ordre se comportent négativement en faisant montre d’actes de brutalités et de violences inexplicables et injustifiables. Le manifestant à des droits qu’il faut s’efforcer de respecter et de faire respecter bien que je comprenne les difficultés des contextes d’intervention très stressante. Tout membre des forces de l’ordre est censé avoir été formé pour développer la résilience devant certaines situation de haute tension morale, physique et psychologique ; c’est le plus du policier ou du gendarme par rapport au civil. S’il est tenu d’obéir aux ordres, le membre des forces de l’ordre dispose d’une faculté personnelle d’appréciation pour s’exécuter en évitant toute violation flagrante de la loi sous peine de s’exposer aux rigueurs de cette même loi.

La situation que nous vivons tous est la résultante du magistère calamiteux, catastrophique et nébuleux d’un homme qui, après avoir cristallisé tous les espoirs, s’est révélé médiocre, incompétent et sa vision. Souleymane Jules Diop ne nous avait-il pas avertis, quand il   disait « Macky Sall est un homme incompétent, faible, sans épaisseur intellectuelle ; voter pour Macky Sall, c’est élire Marième Faye Sall ». Nous avons la tête de notre pays un homme dont la parole est instable, peu fiable, fluctuante et inconsistante. Plus grave, nous avons un Président de la République qui a osé déclarer et reconnaître, sans gêne, sans sourciller, sans scrupule, regardant ses compatriotes les yeux dans les yeux, qu’il ne fait plus du « njucc-njacc » ; ce qui, évidemment voulait qu’il en faisait. Quel scandaleux aveu ! Un tel aveu, dans certains pays aurait valu à son auteur une destitution immédiate. Avoir fiat du « njucc-njacc », c’est avoir fait de la magouille, une pratique amorale et immorale propre aux milieux interlopes de la pègre ou les gens usent du mensonge, de l’escroquerie, de la tromperie, de la traîtrise et toutes formes d’expédients peu recommandables pour arriver à leurs fins. L’aveu du Président de la République nous autorise à douter de la sincérité des actes qu’il pose.

Il est grandement temps pour les dignes fils de ce pays de se lever pour se dresser contre toutes formes d’abus. Nous nous acheminons vers des lendemains incertains ou le pays peu t pour peu basculer dans une situation d’instabilité. Il est donc fait appel à tous les dignes fils du pays de se mobiliser pour la préservation de l’unité nationale, de la cohésion sociale. Il est demandé aux autorités de se ressaisir pour redresser la barre et remettre la marche du pays sur les rails de l’orthodoxie en s’inspirant des règles et principes républicains et en s’adossant sur nos valeurs morales.

Dakar le 10 novembre 2021                   

Boubacar   SADIO

Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite

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