La stratégie de Maodo: la relation entre Ndiarndé et le Burd…

C’est dans un contexte social perturbé par le traditionalisme des populations, les luttes et querelles incessantes des Ceddos, le tissu social déchiqueté par la colonisation, la chute des empires et la répression des marabouts que Seydi El Hadj Malick a décidé d’effectuer le pèlerinage à La Mecque.

D’après Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Maktom, il avait décidé de ne point revenir au Sénégal et rester consacrer le reste de sa vie à Médine au « voisinage » du Prophète. Mais un des maîtres savants rencontré à la Mecque et auquel il fit part de sa décision lui aurait conseillé de rentrer :

« Rentre dans ton pays à la fin de tes obligations, si tu cherches l’agrément de Dieu tu l’auras en enseignant ce que tu sais et en propageant l’Islam.
Si tu restes, tu verras autant de traditionalisme ici qu’il y en a chez toi; et cela t’obligerait à parler, or le moment n’est guère propice à cela. »

C’est ainsi que Maodo se résolut à rentrer au Sénégal en cette année 1888 (1305 de l’hégire), un an avant le décès de Faidherbe. Il lui fallut alors chercher un endroit propice à ce qu’il devait faire. Oui, « devait faire », Cheikh Omar Al Foutî Tall ne l’avait-il pas prédit à son Oncle Alpha Mayoro Wellé ?
Le Walo, sa région natale, lointain et presque enclavé ne parut pas faire l’affaire.

Il fit deux voyages au Ndiambour où il était passé pour ses études, plusieurs séjours à Saint – louis espérant trouver un endroit où il pourrait à la fois, enseigner, édifier une mosquée, pratiquer l’agriculture … pas trop loin des grandes villes où le colonisateur s’évertuait à vouloir surveiller les activités des marabouts.

Un ami et disciple du nom de Mama Dior Amar lui avait déjà proposé de venir à Ndiarndé où son père vieillissant voulait rencontrer un Cheikh qui avait une filiation de Cheikhou Omar. En effet, le vieux Magoumba Amar, Chef du village de Ndiarndé avait rencontré le Cheikh Omar Al Foutî mais n’avait pas pris la filiation de la Tarîqa auprès du marabout toucouleur. Ce qui semblait le hanter.

Finalement, Maodo se résolut à aller à Ndiarndé en 1895 six ans après son pèlerinage, n’ayant trouvé autre endroit plus propice. Il s’y rendit avec toute sa famille et ses disciples. Après un accueil solennel, le vieux Magoumba Amar lui fit bâtir une concession, lui attribua une surface de 50 hectares pour les cultures. Hadj Malik fit bâtir une mosquée.
Il s’établit à Ndiarndé avec ses deux femmes (Rokhaya Ndiaye et Safiétou Niang) et leurs enfants, son premier cercle de disciples (EL Hadj Malick Sarr, Abdou Fâti Niang, Mor Khoudia Sy, Mor Binta Sy…). Ainsi, arrivèrent les premiers de ceux qui allaient constituer « le séminaire de Ndiarndé » : El Hadj Rawane Ngom, Maguèye Ndiaré, Abdoulaye Guèye Fissel, Serigne Youssoupha DIOP…

C’est ainsi qu’au cours des sept années que durèrent ce séminaire -1895 à 1902- en deux générations, plus de deux-cents érudits sont passés par Ndiarndé, devenu une véritable Université.

Dans sa stratégie de travail et de propagation de l’Islam et de la Tariqa Tidiane, Seydi El Hadj Malick Sy entreprit l’œuvre gigantesque d’assurer personnellement, assisté seulement de quelques disciples, le parachèvement de la formation intellectuelle et spirituelle d’un aussi grand nombre de maîtres.

Il profita d’un arrêté de l’administration coloniale de l’année 1898, qui semblait le viser directement lui et son université de Ndiarndé pour fermer boutique et se rendre à Tivaouane dont les colonisateurs venaient de faire un nouveau carrefour avec l’inauguration de la gare de Tivaouane en 1897, la construction de la route Tivaouane Mboro, la construction à Tivaouane de la résidence de commandant de ercle qui était sise à Thiès, et l’ouverture d’une école française.

Cela amena le Saint Homme juste après être venu s’installer à Tivaouane à exploiter le travail effectué à Ndiarndé. En effet, c’est en cette même année 1902 qu’il a édifié le Gamou, dans sa maison en compagnie d’El Hadj Rawane Ngom et de Gorgui Ngorba Diaw selon Khalifa Mbaaye mou Yaye Ndokh.

Il avait auparavant, en fermant l’université, renvoyé la majorité de ceux qui y avaient pris part, chez eux pour diffuser et démultiplier le message qu’il leur avait transmis à travers son enseignement et sa formation. C’est alors qu’au fil des années, il demanda à tous de venir à la Commémoration de la naissance du Prophète Mohamed (psl).
Il en profitait alors pour surveiller sa mission de loin.

Lors des dix jours du « Bourd », il recevait les Chargés de mission, à huis-clos, la nuit après le récital au fur et à mesure que ceux-ci arrivaient dans la ville sainte.

Les 10 jours du Bourd lui suffisaient pour recevoir tout le monde sans contraintes, et donner à chacun les remèdes idoines et solutions le concernant dans sa localité.

La onzième nuit (jour du repos), il les réunissait tous pour une séance plénière et dressait un nouvel axe de travail commun à tous si besoin était. Et lors de la douzième nuit, qui coïncide avec celle du Gamou, il pouvait devant tous, Mouqadams et talibés réunis, donner l’orientation majeure se basant sur le Coran et la Sunna du Prophète. C

Il en fut ainsi jusqu’en 1922, année de son rappel à Dieu où il n’assista pas au Gamou.

Senego

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