Dossier : comment le Rwanda a-t-il maîtrisé l’épidémie de Covid 19 ?

L’épidémie de covid-19 a pu être rapidement maîtrisée au Rwanda. Comment ce pays densément peuplé a-t-il réussi à le faire ?Le Rwanda a récemment été reconnu par le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un pays qui est rapidement parvenu à maîtriser l’épidémie de COVID-19 sur son territoire.

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a attribué les progrès du Rwanda à la combinaison d’un leadership fort, d’une couverture santé universelle, d’un soutien au personnel sanitaire et d’une communication claire en matière de santé publique.

En date de mardi 11 août 2020 soir, ce pays densément peuplé a signalé 2.171 cas au total pour 1,2 million d’habitants, dont 1.478 guérisons et sept décès.

Depuis la réouverture des aéroports le 1er août, le Rwanda n’a pas connu de hausse des nouveaux cas et a toujours enregistré plus de guérisons que de nouveaux cas à l’exception de trois journées.

UN LEADERSHIP FORT

Le gouvernement rwandais a fait preuve d’une grande détermination pour garantir que les mesures de prévention soient bien appliquées, comme par exemple le respect de la distanciation physique, le lavage des mains régulier, le port du masque en public et les contacts limités lors des rencontres, a déclaré à Xinhua Ismaël Buchanan, maître de conférence en sciences politiques à l’Université du Rwanda.

Les dirigeants du pays, y compris le président Paul Kagame, ont sensibilisé le public dès le début aux mesures de prévention contre le coronavirus, a-t-il souligné.

M. Kagame, qui a remporté 98,79% des suffrages lors de l’élection présidentielle de 2017, a appelé le public à continuer de suivre les directives du gouvernement et a mis l’accent sur les recommandations de l’OMS dès le mois de mars dans un message au sujet de la pandémie de COVID-19.

Le gouvernement applique également des mesures telles que le confinement, le dépistage de masse, le couvre-feu ou encore le dépistage obligatoire à l’arrivée à l’aéroport.

Sous la direction du gouvernement, le pays a créé un groupe de travail national dirigé par le Premier ministre Edouard Ngirente et un Poste de commandement contre le COVID-19 qui regroupe des professionnels de différents secteurs.

La réponse gouvernementale au COVID-19 a été solide et rapide depuis que le pays a enregistré son premier cas le 14 mars dernier, a indiqué à Xinhua l’épidémiologiste rwandais Vedaste Ndahindwa.

Etant donné le nombre actuel de cas positifs et de décès, les mesures adoptées par le Rwanda pour empêcher la propagation du virus ont été « très efficaces », selon M. Ndahindwa.

UNE COUVERTURE SANTE UNIVERSELLE

Le dépistage et le traitement du COVID-19 sont gratuits au Rwanda, sauf pour les voyageurs arrivant dans le pays par voie aérienne depuis la réouverture des aéroports le 1er août.

A ce jour, près de 310.000 personnes ont été testées.

Selon les responsables sanitaires, le Rwanda peut tester 4.000 à 5.000 échantillons par jour contre 300 à 400 initialement. Le gouvernement continue de développer ses capacités de dépistage, de traitement et de suivi au niveau provincial.

Le Rwanda compte sept sites de dépistage et ce chiffre est amené à augmenter, a déclaré à Xinhua le 20 juillet le ministre d’Etat chargé de la santé publique et des soins de santé primaires, Tharcisse Mpunga.

« Je pense que pour nous, l’épidémie est sous contrôle (…) nos équipes sont capables de détecter les nouvelles infections, suivre et tester les contacts et isoler ceux qui sont infectés », a-t-il expliqué.

« Avoir de bonnes bases nous donne un bon aperçu de la répartition du virus et des actions ciblées à mettre en œuvre pour stopper la transmission et sauver des vies. Cela signifie que là où il y a des cas, le gouvernement peut rapidement appliquer des mesures ciblées et concentrer ses efforts de lutte là où ils sont le plus nécessaires », a analysé le chef de l’OMS en référence à la politique de dépistage et de traitement du COVID-19.

La mise en place de laboratoires spécialisés, le dépistage et le traitement des patients, le suivi et l’isolement des contacts, y compris leur logement et leurs repas, ont coûté 60 millions de dollars au Rwanda en quatre mois, ont montré les chiffres officiels du mois de juillet.

UN SOUTIEN AU PERSONNEL SANITAIRE

Il existe deux types de professionnels de santé qui aident à répondre à la pandémie, ceux qui travaillent pour le gouvernement et les volontaires d’organisations internationales qui travaillent dans le secteur des ressources humaines. Le gouvernement leur fournit des moyens de communication, des repas et d’autres produits de nécessité, a indiqué M. Mpunga à Xinhua au cours d’une autre interview.

Pendant le confinement, qui s’est transformé en couvre-feu, tous les véhicules gouvernementaux ont été dédiés à la lutte contre le COVID-19 et notamment au transport des professionnels de santé, a-t-il révélé.

Le ministère de la Santé a sélectionné et formé des professionnels expérimentés et les a déployés dans des centres de traitement et de quarantaine, a-t-il poursuivi, ajoutant que tous les agents de santé de ces centres se sont vus remettre le matériel nécessaire pour ne pas tomber malades.

UNE COMMUNICATION CLAIRE EN MATIERE DE SANTE PUBLIQUE

Les campagnes médiatiques et de sensibilisation de la population sur les mesures de prévention du COVID-19, ainsi que l’application de ces mesures par la police et les dirigeants locaux, jouent un « rôle clé » dans la maîtrise rapide de la propagation du coronavirus au Rwanda, a salué M. Ndahindwa.

D’après le ministre d’Etat Mpunga, le Rwanda a conçu des « directives de communication claires » à tous les niveaux afin de faire connaître les mesures de prévention du COVID-19 par l’intermédiaire de divers canaux médiatiques.

Les employés de différentes institutions comme le ministère des Gouvernements locaux, la police ou le secteur privé sont impliqués dans la communication et coopèrent afin de transférer les messages du niveau national au niveau communautaire, a-t-il détaillé.

Le gouvernement travaille aussi avec les chefs religieux pour qu’ils parlent du COVID-19 pendant leur sermon, puisque les lieux de culte respectant les conditions de prévention de la propagation du coronavirus ont été rouverts, selon M. Mpunga.

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