Vers une année scolaire et universitaire incertaine

A l’instar des années scolaires passées, celle de 2019/2020  débute avec son lot de difficultés et d’incertitudes qui mettent tous les acteurs de notre système éducatif dans le désarroi le plus total. En effet, les enfants de la République viennent d’être envoyés à l’école pour retrouver des infrastructures  vétustes, insalubres, dont certaines sont inondées et envahies par des reptiles.

A tous ces maux, et à tant d’autres, il convient d’ajouter le déficit en personnel enseignant craie en main. Hélas ! C’est devenu une lapalissade que de dire que  nos écoles sont sérieusement handicapées par un réel déficit en personnel enseignant, et de surcroît  dans les disciplines fondamentales : maîtres pour l’élémentaire, mathématiques, philosophie, etc.

Ces enseignants qui ne cessent de réclamer de meilleures conditions de vie et de travail, subissent sans cesse les multiples agressions d’un gouvernement dépourvu de tout sens des priorités.

Les revendications de ces braves soldats de l’éducation sont légitimes, justes, et réalistes, et tournent essentiellement autour de la formation, la titularisation, l’avancement, le paiement des sommes dues, l’équité dans le système de rémunération des agents de l’Etat. Quoi de plus normal ?

En réalité, depuis 2014, aucune nouvelle revendication n’est formulée.

Les braves éducateurs ne demandent que le respect des accords signés avec le gouvernement. N’est-ce, Monsieur le Président, vous qui aviez instruit votre gouvernement  de signer des accords « réalistes et réalisables » ?

C’est  comme si, volontairement, le gouvernement sénégalais planifiait lentement et patiemment l’échec scolaire. De 2012 à aujourd’hui, les résultats du Baccalauréat tournent autour de 36%, tandis que le BFEM ne dépasse guère les 50%.

Chers compatriotes sénégalais, il est grand temps de se mettre en ordre de bataille pour sortir notre système éducatif du coma profond dans lequel ce gouvernement dépourvu de vision l’a plongé.

Au niveau de l’Enseignement supérieur, la situation n’est pas du tout reluisante. Les Etudiants, les Personnels d’Enseignement et de Recherche, et les

Personnels Administratifs, Techniques et de Service pataugent dans des difficultés indescriptibles.

Notre enseignement supérieur est le véritable reflet de l’enseignement Elémentaire et celui du Moyen-secondaire.

Cette nouvelle année académique 2019-2020 s’annonce déjà houleuse dans nos universités publiques et privées à cause d’une gestion calamiteuse des orientations des nouveaux bacheliers marquée par les atermoiements sans commune mesure d’un ministre novice, inculte et surtout incompétent.

En effet, le19 août 2019, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) avait diffusé un communiqué invitant les bacheliers de l’année 2019 à s’inscrire sur la plateforme Campusen, en portant leurs choix aussi bien sur les établissements d’enseignement supérieur (EES) publics que privés. A la surprise générale, le Ministre Cheikh Omar Hann a organisé une conférence de presse le 05 septembre 2019, pour annoncer la décision du Gouvernement d’orienter l’ensemble des nouveaux bacheliers de cette année dans les établissements d’enseignement supérieur publics.

Cette décision prématurée, immature et irréfléchie montre à suffisance les carences managériales de ce Ministre qui a toujours fait preuve d’incompétence partout où il est passé notamment à l’Agence Sénégalaise pour l’Innovation Technologique (ASIT) et au Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD). Pour justifier son option, le Ministre a évoqué la piètre qualité de l’enseignement dispensé aux étudiants.

Un tel argument n’est qu’un alibi décalé des règles élémentaires de la planification. Même si la réduction des dépenses liées aux frais de scolarité des étudiants orientés dans le privé peut paraître pertinente, une telle mesure devrait être planifiée de façon concertée et sur une durée de 3 à 5 ans, de manière à mettre en place les conditions nécessaires à un accroissement conséquent de la capacité d’accueil des Universités publiques. La construction d’infrastructures pédagogiques et le recrutement conséquent d’enseignants-chercheurs et de Personnel administratif technique et de service deviennent des impératifs sans lesquels la volonté du Gouvernement repose sur un rêve utopique. Malheureusement, le constat est aujourd’hui effarant. Les universités publiques sont submergées par des effectifs pléthoriques et un manque criard d’infrastructures pédagogiques et sociales. Des chantiers qui ont été lancés en grande pompe depuis 6 ans sont aujourd’hui à l’arrêt à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, l’Université Assane Seck de Ziguinchor(UASZ), l’Université de Thiès (UT) et l’Université Alioune Diop de Bambey (UADB).

Cette situation inhérente à une mauvaise planification et à une mauvaise gestion des projets de construction, n’a pas empêché la tutelle de promettre l’orientation de 24000 étudiants à l’UCAD (contre 17000 en 2018), 3000 à l’UASZ(contre 1000 en 2018),3000 à l’UADB (contre 1300 en 2018).La même tendance est observée dans toutes les autres universités publiques et à l’Université Virtuelle du Sénégal (UVS) qui est considérée aujourd’hui comme un dépotoir par l’actuel ministre. L’Université Amadou Moctar Mbow (UAMM) qui n’a aucun bâtiment fonctionnel est contrainte d’accueillir ses 300 premiers étudiants. Le manque de vision prospective consécutive à la gestion des affaires de la cité hypothèque l’année universitaire 2019-2020 et pose les jalons de mouvements contestataires inévitables.

Le slogan « Tous dans le public », sans des mesures d’accompagnement adéquates, est vidé de sa substance. Il favorise par ailleurs la médiocrité du système et impacte la qualité de l’enseignement et l’employabilité des futurs diplômés.

Le parti PASTEF Les Patriotes, s’insurge contre toute forme de décision cavalière de l’Etat, susceptible de saper le climat social dans notre système éducatif et invite le gouvernement à engager sans délai des discussions avec les différentes parties prenantes.

Fait à Dakar, le 04 octobre 2019

Mouvement National des Enseignants patriotes (MONEP)

Mouvement National des Cadres Patriotes (MONCAP)

PASTEF

 

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