Une jeune Saoudienne cherchant refuge à l’étranger se retrouve bloquée à Bangkok

« J’ai peur qu’ils me tuent si je rentre. » Une Saoudienne de 18 ans suscite l’émoi sur Twitter. Elle a été arrêtée dimanche 6 janvier à l’aéroport de Bangkok. Arrivée du Koweït, la jeune femme en fuite dit craindre ses parents qui voudraient la forcer à se marier en Arabie saoudite. Elle comptait se rendre en Australie pour y demander l’asile politique. Ce lundi matin, le recours déposé par ses avocats contre son extradition a été rejeté, mais les autorités saoudiennes ont assuré sous la pression qu’elle ne serait pas expulsée contre son gré.

Selon les avocats de la jeune Rahaf Mohammed Al-Qunun, les autorités judiciaires thaïlandaises ont estimé qu’ils n’avaient pas réuni assez de preuves pour justifier les risques encourus par la jeune fille en cas de retour dans son pays. Les avocats ont fait appel, mais sous pression, notamment des réseaux sociaux, le chef de la police de l’immigration thaïlandaise a assuré qu’elle ne serait « pas renvoyée contre son gré ». Lors d’un point presse, Surachate Hakparn a également précisé que la Saoudienne allait rencontrer dans la journée, à sa demande, des représentants du Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch avait dénoncé dimanche l’arrestation de la jeune fille en Thaïlande. Elle nous a contactés pour nous dire qu’elle était en transit vers l’Australie,explique à RFI Eric Goldstein, directeur adjoint pour le Moyen-Morient d’HRW, contacté par téléphone. « Et puis, ajoute-t-il, elle a été amenée dans une espèce d’hôtel à l’aéroport, où il semblerait qu’elle soit, en quelque sorte, détenue et empêchée de continuer son voyage vers l’Australie. »

« Les citoyens saoudiens transitent en Thaïlande sans problème »

Rahaf Mohammed Al-Qunun affirme avoir subi des violences physiques et psychologiques de la part de sa famille. Elle craint pour sa vie. La jeune femme s’exprime sur les réseaux sociaux, se disant traitée comme une esclave, une prisonnière. « Ils m’ont enfermée dans une chambre pendant six mois à cause d’une coupe de cheveux », affirme-t-elle, ajoutant que des membres masculins de sa famille, dont un cousin, auraient déjà menacé de la « massacrer ». Son père, qui affirme qu’elle souffre de troubles mentaux, est attendu dans la soirée en Thaïlande, relate notre correspondante à Bankok, Carol Isoux.

« Il semblerait qu’il y ait une connivence entre les autorités thaïlandaises et saoudiennes. Parce que, normalement, les citoyens saoudiens transitent en Thaïlande tout le temps sans problème. Donc, la situation n’est pas claire à 100%. On est très inquiets qu’elle puisse retourner en Arabie saoudite où elle serait en danger », confie Eric Goldstein. La jeune fille devait être renvoyée en Arabie saoudite via le Koweït dans un avion qui a décollé de Bangkok à 11h15 heures locales. « Le vol est finalement parti sans elle, car elle s’est barricadée dans une chambre d’hôtel de l’aéroport », a indiqué à l’Agence France-Presse Phil Robertson, représentant d’HRW en Asie.

Des membres de la compagnie aérienne Kuwait Airlines lui ont confisqué son passeport et auraient essayé selon elle de la forcer à monter à bord. Rahaf Mohammed Al-Qunun est en possession d’un visa de trois mois pour l’Australie. Lors de son transit à Bankok, dit-elle, ce sont des représentants de l’ambassade saoudiennes qui l’attendaient. Rappelons qu’en Arabie saoudite, les femmes sont toujours soumises au tutorat masculin. En 2017, une autre jeune Saoudienne s’était enfuie, aux Philippines cette fois-ci, pour échapper à un mariage forcé. Elle avait été rattrapée par sa famille.

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