Un projet artistique de reconstruction partielle du mur de Berlin émeut l’Allemagne

L’année prochaine, cela fera trente ans que le mur de Berlin est tombé. S’il n’en reste plus que quelques traces aujourd’hui, son souvenir reste omniprésent. Et les émotions sont encore à fleur de peau comme l’a montré une polémique qui a agité Berlin ces dernières semaines autour d’un projet artistique prévoyant de reconstruire le mur, même provisoirement.

L’idée vient du cinéaste russe Ilya Khrzhanovsky qui veut entourer un périmètre en plein cœur du Berlin historique d’un mur identique à celui qui a séparé Berlin entre 1961 et 1989. L’idée est de créer une ville dans la ville. Pour y pénétrer, un visa est obligatoire et à l’intérieur les téléphones portables sont interdits. Côté contenu, car il ne s’agit pas d’un Disneyland, la projection d’une série de films est prévue. Ces films doivent rendre hommage au physicien soviétique Lev Landau, enfermé et torturé au siège des services secrets soviétiques, le KGB, à la fin des années 30. Il recevra le prix Nobel en 1962 et mourra six ans plus tard. C’est de son nom que vient celui du projet DAU reprenant les trois dernières lettres du patronyme de ce physicien victime de la dictature soviétique.

Le projet est entièrement financé par une fondation d’un milliardaire russe installée à Londres et ne doit rien coûter à la ville de Berlin.

Un projet qui ne fait pas l’unanimité

A Berlin, où le mur certes disparu depuis bientôt 29 ans, les cicatrices restent présentes et le projet a rapidement après sa présentation surprise en août divisé la classe politique et les milieux intellectuels en deux camps irréductibles.

D’un côté, il y avait les défenseurs du projet. Le maire de Berlin, social-démocrate, songeant peut-être à la publicité qu’aurait générée les images du projet dans le monde entier. Il avait le soutien de la ministre de la Culture chrétienne-démocrate, Monika Grütters, une proche d’Angela Merkel qui a parlé « d’une ode à la liberté ».

Des artistes connus ont pris position en faveur du projet

De l’autre côté, les voix critiques sont montées au créneau. Des anciens dissidents est-allemands par exemple comme Konrad Weiss parlant « d’une banalisation des crimes communistes ». L’ancien directeur du musée de l’histoire allemande a estimé que l’Allemagne n’avait pas besoin d’un « train fantôme du stalinisme » et évoqué « un spectacle ».

Et puis le projet a rencontré des difficultés administratives. L’arrondissement a jugé les délais deux mois jusqu’au début à la mi-octobre trop courts en comparaison avec d’autres grands événements.

Les chances de voir le projet se réaliser s’amenuisent

Le projet n’aura pas lieu, en tout cas cette année. Il devait être prêt à la mi-octobre et durer jusqu’au 9 novembre, jour anniversaire de la chute du mur de Berlin en 1989. L’autorisation n’a pas été accordée. Les organisateurs ont déclaré qu’ils étaient prêts à repousser le projet. L’année prochaine, on fêtera les trente ans de la chute du mur. Dernier détail, le projet DAU est un triptyque puisqu’il doit aussi voir le jour à Paris et à Londres. Ces trois villes doivent symboliser la maxime française, « Liberté » pour Berlin, « Egalité » pour Paris et « Fraternité » pour Londres.

RFI

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