Un décret pour contrôler les médias en ligne algériens

De nouvelles dispositions pour contrôler les médias en ligne, sur le plan technique et éditorial, sont entrées en vigueur en Algérie, où les journalistes dénoncent un verrouillage médiatique extrême dans un pays où il sont déjà étroitement surveillés.

Un décret mis en ligne mardi stipule que l’activité d’information en ligne doit être exercée par une personne de nationalité algérienne et soumet les médias électroniques à de nombreuses autorisations et vérifications.

Il doivent notamment délivrer de nombreuses informations concernant leur hébergement et leur financement, et sont contraints de conserver une archive de tous leurs contenus pendant au moins six mois. Les sites publiant en langue étrangère doivent obtenir l’accord de l’autorité chargée de la presse électronique.

L’hébergement des sites doit désormais être « exclusivement domicilié » en Algérie avec un nom de domaine « .dz ». La grande majorité des sites sont actuellement hébergés à l’étranger, principalement pour des raisons techniques et de bureaucratie. Les médias électroniques disposent d’un délai de douze mois pour se conformer à ces dispositions.

Verrouillage médiatique extrême

Ces nouvelles règles sont censées « faciliter l’organisation de la profession » en dressant « une cartographie des médias » et participer à la lutte contre le discours de haine et de désinformation, selon ministre de la Communication et ancien journaliste, Ammar Belhimer.

Mais elles sont décriées par les professionnels des médias en ligne, qui dénoncent un verrouillage médiatique extrême et un régime d’autorisation très contraignant.

Au moins une dizaine de sites d’information ont été censurés par les autorités au cours de l’année 2020, à l’instar de Radio M, Maghreb Emergent, Interlignes, Casbah Tribune… Parmi eux, certains ont été accusés de toucher des financements étrangers.

L’entrée en vigueur de ce décret intervient dans le sillage d’autres amendements législatifs, comme la réforme du code pénal adoptée en avril. Visant à criminaliser la diffusion de fausses nouvelles, elle est perçue par les organisations de défense des droits humains comme une grave menace à la liberté d’expression et de la presse.

L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans Frontières (RSF), un recul de près de 30 places par rapport à 2015.

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