Tunisie: manifestations dans le sud après la mort d’un jeune

Des centaines de personnes ont manifesté samedi dans le sud de la Tunisie contre le chômage et pour exprimer leur colère après la mort d’un jeune homme, tué selon elles par des militaires, réclamant une visite du président Kais Saied dans leur région.

« Ou bien nous aurons une vie meilleure, ou nous mourrons tous! », ont notamment crié les protestataires à Remada, selon des témoins et des vidéos relayées sur les réseaux sociaux.

De nombreuses femmes, pour la plupart âgées, étaient aux premiers rangs de cette manifestation pour dénoncer la marginalisation de leur région et le chômage des jeunes.

Depuis trois jours, la ville de Remada est le théâtre de tensions entraînées par la mort mardi soir d’un jeune, soupçonné d’être contrebandier.

Une enquête a été ouverte jeudi pour déterminer s’il a été tué par des tirs militaires contre quatre voitures de contrebande arrivant de Libye dans une zone militaire tunisienne fermée, selon le ministère de la Défense.

« Kais (Saied), on vous donne jusqu’à 20H00 pour venir et nous parler », a menacé une manifestante.

« Situation inacceptable »

« Nous voulons voir le président Kais Saied! Nous lui avons donné nos voix, il doit venir ici à Remada pour nous écouter et voir comment nos enfants sont tués! », a crié une protestataire dans une vidéo publiée sur la page officielle de la coordination de la protestation d’El-Kamour, à Tataouine, une autre ville du sud en proie à des mouvements sociaux depuis des semaines.

Le sud de la Tunisie, qui vit entre autres de la contrebande, fait partie des régions marginalisées où le chômage est nettement plus élevé que la moyenne nationale et les infrastructures publiques défaillantes.

A Tataouine, à 80km de Remada, des protestataires réclament depuis des semaines l’application d’un accord conclu après des heurts en 2017, prévoyant d’embaucher des milliers de chômeurs de cette région et de créer un fonds d’investissement dédié.

Ils menacent d’arrêter la production d’un important site pétrolier à El-Kamour, à plus de deux heures de route de Tataouine, en plein désert.

« La situation dans le sud tunisien est inacceptable », a déclaré jeudi Kais Saied dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de la présidence, estimant que les manifestations sont « légitimes » dans le respect de la loi.

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