Sauver les enfants esclaves en Inde, le combat de Kailash Satyarthi

En Inde, un enfant disparaît toutes les 8 minutes. À New Delhi, 6 sur 10 ne sont jamais retrouvés. On les appelle « la génération perdue », mais ils ne se sont pas évaporés. Quelque 70 % d’entre eux seraient kidnappés par le crime organisé. Actuellement, plus de 200 000 enfants sont toujours portés disparus. Pour eux, un seul espoir, ou presque : Kailash Satyarthi et ses équipes. En quatre décennies, cet Indien de 64 ans, lauréat du prix Nobel de la paix, a sauvé 87 000 enfants de l’esclavage.
Entre janvier 2012 et mars 2017, pas moins de 250 000 enfants ont été enregistrés comme portés disparus par les autorités en Inde. Et selon les militants, ce chiffre ne représente que la partie visible de l’iceberg. Dans de nombreux cas, certaines familles n’osent pas aller voir les autorités car elles se sont faites berner par des « recruteurs » qui leur promettaient d’envoyer leurs enfants étudier. À cela s’ajoute le manque de formation de la police locale et l’absence de coordination entre les différentes agences à travers le pays.

Ce fléau n’est pas nouveau en Inde. C’est en 1981 que Kailash Satyarthi, ingénieur de formation, décide d’organiser sa première opération coup de poing : un raid dans un atelier de textile exploitant des enfants. Il décide ensuite de dédier sa vie à cette cause, qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 2014, partagé avec la militante pour la scolarisation des filles, la Pakistanaise Malala Yousafzaï.

Aujourd’hui, Kailash Satyarthi est à la tête de plusieurs ONG, dont Bachpan Bacho Andolan (BBA). Des membres de BBA nous ont permis de suivre du début à la fin l’un de leurs raids, une occasion rare.

Réunir les familles

Ces opérations, préparées en coordination avec la police, ne sont pas sans danger. Plusieurs membres de l’équipe de Kailash Satyarthi y ont déjà perdu la vie ou ont été victimes de représailles des bandes criminelles. Le raid que nous avons filmé a permis de libérer 42 enfants. Aucun des membres de notre équipe n’oubliera leurs visages lorsque nous avons pénétré dans cet atelier. Certains n’avaient pas vu la lumière du jour depuis des semaines, contraints de travailler jusqu’à 16 heures par jour.

Une fois ces enfants secourus, les autorités doivent tenter de les identifier et de retrouver leurs parents. Un processus qui peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années. En Inde, nombreux sont ceux qui n’ont pas de papiers d’identité et certaines familles, trop pauvres, ne disposent d’aucune photographie de leur enfant. Mais depuis quelques mois, la police expérimente une application de reconnaissance faciale. Un véritable bouleversement : après quatre jours d’utilisation seulement, en mai dernier, plus de 3 000 enfants ont pu être réunis avec leur famille. L’un des enfants que nous avons filmés lors du raid, Ali, 12 ans, a pu grâce à ce logiciel retrouver sa famille dans le Bihar, l’une des régions les plus pauvres d’Inde, à la frontière avec le Népal.

Mais certains enfants ne retrouvent jamais leur famille ou leurs parents, trop pauvres, préfèrent les laisser aux mains des autorités ou d’associations. Pour eux, Kailash Satyarthi et son épouse ont ouvert un centre dans le Rajasthan, il y a 20 ans. Là-bas, de nombreux bénévoles tentent de redonner confiance à ceux qui ne pensaient jamais pouvoir faire entendre leur voix dans la société indienne.

France 24

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