Le ramadan, haute saison pour les mendiants d’Arabie

Dans un rapport de 2007, l’Unicef estime que la mendicité en Arabie était devenue une véritable « profession ».

Vêtue de noir avec un bébé dans les bras, une Saoudienne est assise à même le sol et agite une boîte devant une mosquée de la banlieue de Riyad à la sortie de la prière hebdomadaire du vendredi.

La boîte se remplit rapidement de coupures d’un riyal (23 centimes d’euro), déposées par des fidèles.
Dans la capitale saoudienne, dans une autre forme de mendicité, des enfants proposent aux feux rouges de laver les vitres des voitures.

Le ramadan, mois de jeûne et de charité qui s’achève début juillet, est une haute saison pour les mendiants, en majorité étrangers, en Arabie saoudite, pays qui abrite les deux premiers lieux saints de l’islam.
« Selon de récentes statistiques, le nombre de mendiants augmente de 50% durant le ramadan par rapport aux autres mois », affirme Alwaleed Philantropies, l’organisme de charité du milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal.

Or, Alwaleed Philantropies met en garde les Saoudiens contre les méthodes utilisées par les mendiants qui n’hésitent pas à prétendre souffrir de handicaps ou « utilisent des enfants ». La pratique peut être liée à des « gangs » et entraîner des abus, avertit Alwaleed Philantropies.
« Avec environ 700 millions de riyals (165 millions d’euros) générés par la mendicité chaque année et en l’absence de dissuasion efficace pour empêcher la propagation de ce phénomène, Alwaleed Philantropies a lancé une campagne contre la mendicité », précise l’organisme dans un communiqué.

Arrestations
Avec le lancement de vidéos d’information et un site internet, il appelle les Saoudiens à adresser leurs dons aux « bonnes » associations caritatives du royaume.

En Arabie saoudite, des enfants originaires d’Asie du Sud, d’Afrique de l’Est et du Yémen sont poussés au « travail forcé comme mendiants ou vendeurs de rue par des bandes criminelles », souligne le rapport 2015 du département d’Etat sur le trafic des humains.

En 2014, plus de 8.000 mendiants ont été arrêtés dans le royaume, dont 70% d’étrangers mais, entre avril et décembre de la même année, un seul a été inculpé, conformément à la loi contre le trafic des humains, selon ce rapport.

Durant les quatre premiers jours du ramadan, la police de Riyad a arrêté 90 mendiants, dont 34 enfants, selon le quotidien Arab News.
Mais il en faut plus pour dissuader la mendiante à l’enfant devant la mosquée de la banlieue de Riyad. Cette femme, qui dit à l’AFP venir de Jazane (sud), demande l’aumône à des travailleurs asiatiques qui, même s’ils sont mal payés, lui donnent généralement un riyal.
L’un des nombreux autres mendiants, la main bandée, tente sa chance avec des automobilistes à un carrefour de la ville.

Véritable profession
Dans un rapport de 2007, l’Unicef a estimé que la mendicité en Arabie était devenue une véritable « profession ».

De nombreuses familles venues pour le pèlerinage à La Mecque (est) décident d’y rester de manière illégale et de « vivre de leurs enfants, allant même jusqu’à les +louer+ à des mendiants adultes, de manière à continuer à gagner de l’argent et à en envoyer » dans leurs pays d’origine, selon l’agence de l’Onu.

Des millions de fidèles effectuent chaque année le grand pèlerinage (hajj) ou le petit pèlerinage (omra) qui est très populaire durant le ramadan.
« Ces rites religieux sont associés à une tradition consistant à donner aux pauvres », écrit l’Unicef.

A quelques kilomètres de la Grande mosquée de La Mecque, une mendiante, installée devant un petit supermarché, accepte de parler, contrairement à beaucoup d’autres.
Elle dit s’appeler Oum Mohammed et venir du Tchad. Après avoir effectué le pèlerinage il y a quelques années, elle a décidé de rester.
« Les bonnes personnes aiment donner aux pauvres et aux nécessiteux et nous sommes pauvres », dit-elle.
Elle affirme récolter entre 30 à 60 riyals (7 à 14 euros) par jour. Sur un bon mois, ses revenus peuvent atteindre selon elle jusqu’à 5.000 riyals (1.180 euros), et même plus durant le hajj. « On garde ce dont on a besoin pour survivre et on envoie le reste au Tchad », ajoute-t-elle.

Source:lorientlejour

 

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