La radicalité de Le Pen et Mélenchon ébranlée par celle des petits candidats

Pour les candidats du FN et de la France Insoumise, l’un des enjeux était d’apparaître « présidentiable » et modéré à moins d’un mois du premier tour, pour rassurer la part des électeurs encore hésitants.

Le grand débat des 11 candidats mardi soir imposait aux différents responsables politiques des contraintes différentes, voire antagonistes. En bonne position dans les sondages, et désormais installés au cœur du jeu politique, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon notamment entendaient montrer un visage d’apaisement, propice à rassurer les électeurs inquiets de leur radicalité. À l’inverse, les candidats moins connus ont pu marquer leurs différences, attaquer sans concession et avancer leur originalité, au point de faire parfois passer les candidats du FN et de la France Insoumise pour des tièdes. «Il y a certains candidats il est vrai, qui étaient assez folkloriques», résume ce mercredi Alexis Corbière, porte-parole de Mélenchon, sur France 2.

Si, de l’avis des enquêtes d’opinion, Jean-Luc Mélenchon est apparu convaincant, il s’est toutefois vu ravir la casquette du «bruit et de la fureur» qui a fait sa réputation en 2012. «Ça a mis du sel, sans doute», admet Alexis Corbière, avant de féliciter Philippe Poutou d’avoir interpellé Marine Le Pen au sujet de son refus de se rendre aux convocations de justice. Les candidats du NPA et de Lutte Ouvrière (Nathalie Arthaud) sont apparus moins enclins à la concession et surtout plus offensifs contre leurs adversaires, là où Jean-Luc Mélenchon était apparu le plus vigoureux lors du premier débat à 5. Une radicalité qui a même valu une menace de poursuites en direct au candidat du NPA .

Mélenchon assagi

«Il faut s’indigner face à l’injustice et face à l’extrême droite», concède le conseiller de Paris. Avant de tempérer: «Il faut le changement mais il faut le faire tranquillement, pacifiquement». C’est en effet un visage «rassurant» qu’a préféré montrer Jean-Luc Mélenchon, alors qu’il avait marqué les esprits lors du premier débat, en transgressant «les pudeurs de gazelles» dans les attaques à ses adversaires. «Oui, parce que il y a un Français sur deux qui n’a pas fait de choix, qui hésite. Et il faut que nos concitoyens viennent au vote (…) Jean-Luc Mélenchon a présenté tout ça hier, et je crois qu’il le fait avec cette sagesse qui étonne parfois certains qui en étaient restés à une caricature», explique aujourd’hui Alexis Corbière.

L’exercice est apparu parfois compliqué pour la candidate du FN Marine Le Pen. Régulièrement ciblée par les critiques, la présidente du FN a vu son positionnement de candidate «au nom du peuple» régulièrement mis à mal par ses adversaires. Philippe Poutou a notamment rappelé qu’il n’existait pas, contrairement au statut des parlementaires, «d’immunité ouvrière». «Monsieur Poutou est un candidat anti-système parce qu’il attaque l’immunité de Marine Le Pen? Mais l’immunité c’est la loi! (…) Elle existe depuis Mirabeau!», tente de justifier mercredi matin Gilbert Collard sur RTL. Visiblement piqué au vif, le député renchérit: «Eux ils veulent immunité de coups et blessures, ce n’est pas la même chose…»

La «reculade» de Marine Le Pen sur la sortie de l’Euro

Dans une arène dominée par les eurosceptiques, Marine Le Pen s’est notamment vu reprocher un certain manque de détermination face à Bruxelles, qui est pourtant l’une de ses cibles principales. François Asselineau, notamment, a pointé sa volonté désormais de retarder dans le temps une sortie de l’Euro, et sa volonté affichée de négocier pour calmer les inquiétudes. «D’abord elle a toujours précisé que ce sont les Français qui décideraient de sortir de l’Euro. Elle a toujours dit qu’elle attendrait les élections allemandes», a tenté de justifier Gilbert Collard, avant de reconnaitre qu’il faudrait probablement un an et non pas six mois pour mettre en place le «frexit» annoncé. «C’est vrai elle l’a dit, il faut l’assumer».

Une reculade concède quand même l’avocat:«Il n’y a que l’âne qui ne recule pas, Montaigne avait dit ça». Avant de reprendre la partition d’un FN victime de la diabolisation. «C’est encore le scénario des Dents de la mer… On s’y attendait: après les casques à pointes, la collaboration … Ils ont trouvé maintenant la trouille de la sortie de l’Euro», balaye le secrétaire général du RBM. Pas sûr en tout cas de revoir Marine Le Pen dans ce genre d’exercice, qui selon Collard n’a pas «apporté de la clarté». «Je déplore que le forum démocratique ne soit plus au cœur du peuple et qu’il ait été capté par le forum médiatique», juge-t-il. Un second débat à 11 devrait se tenir sur France 2 le 20 avril, mais plusieurs candidats, dont celle du FN, réservent encore leur décision.

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