Pourquoi l’Indonésie est-elle régulièrement frappée par de graves catastrophes?

Au moins 281 personnes, bilan provisoire, ont été tuées après que des vagues géantes ont déferlé sur les plages du détroit indonésien de la Sonde. Le raz-de-marée est dû à une éruption volcanique. L’Indonésie, archipel aux plus de 17 000 îles, est souvent touchée par les catastrophes naturelles aux lourdes conséquences humaines et matérielles.

Sur la planète Terre, certains pays sont mieux placés que d’autres. Assurément, l’Indonésie a tiré un bien mauvais numéro. L’Etat aux 18 306 îles se situe au coeur de la Ceinture de feu. Un alignement de 450 volcans posés sur des plaques tectoniques mouvantes. Quand la terre tremble, tout s’enchaîne : les volcans s’éveillent et s’ils sont sous-marins, des tsunamis se forment.

Ces quinze dernières années, l’Indonésie a tout connu. En point d’orgue, l’an 2004, marqué par la pire catastrophe naturelle de ces 40 dernières années. Au lendemain de Noël, un séisme sous-marin d’une magnitude de 9,3 entraîne la formation de vagues gigantesques. Plus de dix pays sont touchés. En Indonésie, 170 000 personnes perdent la vie.

Plusieurs causes, une conséquence

À peine reconstruite, la péninsule doit essuyer une nouvelle épreuve. En juillet 2006, l’île de Java est meurtrie par un tsunami formé après un séisme sous-marin. Et quatre ans plus tard, c’est celle de Sumatra qui est détruite par la force de l’eau. Java et Sumatra sont aujourd’hui les deux îles les plus touchées par le dernier raz-de-marée.

L’Indonésie compte exactement 129 volcans actifs. En ce Noël 2018, c’est celui que l’on appelle Anak – « l’enfant »- qui fait parler de lui. Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue et professeur à l’université Paris-Sud Orsay, note :«  Aujourd’hui, c’est le fils du Krakatoa, c’est Anak Krakatoa qui est en cause et effectivement qui est aussi un volcan extrêmement explosif et extrêmement cataclysmal. Donc à surveiller de très près. »

La catastrophe de samedi est consécutive à une éruption modérée du volcan situé dans le détroit de la Sonde. Dwikorita Karnawati, le directeur de l’Agence météorologique nationale, a précisé lundi que l’éruption avait provoqué un glissement de terrain vers l’océan qui a ensuite déclenché le tsunami. Se basant sur des images prises par le satellite Sentinel-1 de l’Agence spatiale européenne (ESA), des scientifiques ont observé de la même manière qu’une partie importante du flanc sud de l’île volcanique avait glissé vers l’océan peu avant le tsunami. « Le glissement de terrain sous-marin est la thèse qui prime », explique Sam Taylor Offord, un sismologue à l’institut GNS Science de Wellington. « Quand les terres glissent vers l’océan (…), cela provoque un déplacement vertical de l’océan à l’origine du tsunami », poursuit-il.

« Il y a des tsunamis qui sont sismiques, d’autres qui sont volcaniques. C’est plusieurs causes différentes qui peuvent conduire à une conséquence qui a l’air similaire bien sûr pour le public, mais en fait, ce n’est pas la même chose à chaque foi  », poursuit le volcanologue.

Un système d’alerte défaillant

Dans une série de tweets, effacés par la suite avec ses excuses, l’Agence nationale de gestion des catastrophes avait assuré qu’il n’y avait « pas de menace de tsunami », alors même que la vague balayait les côtes méridionales de Sumatra et l’extrémité occidentale de Java. « L’absence de système d’alerte précoce explique que le tsunami n’ait pas été détectéLes signes de l’arrivée d’un tsunami n’ont pas été détectés et les gens n’ont pas eu le temps d’évacuer », a reconnu le porte-parole de cette agence, Sutopo Purwo Nugroho. Principale raison de cette dramatique prise au dépourvu : l’Anak Krakatoa est situé à proximité des côtes de Java et Sumatra, et les vagues de tsunami progressent à des vitesses de plusieurs centaines de km/heure, explique encore le volcanalogue Jacques-Marie Bardintzeff. L’Anak Krakatoa est entré en éruption samedi soir 24 minutes seulement avant que le tsunami ne touche terre. Aucune chance pour les autorités de mettre en place un système de secours dans un laps de temps

En outre, les stations de mesure des marées et la modélisation des données sont les principaux outils utilisés par les agences indonésiennes pour prévoir les tsunamis. Même quand toutes les stations de surveillance sont en état de fonctionnement, les défaillances du réseau sont notoires. Les efforts pour améliorer le système ont été entravés par de multiples problèmes, entre le manque de maintenance des équipements ou les dysfonctionnements bureaucratiques.


■ Les secours à pied-d’oeuvre

Le bilan du tsunami qui a frappé les côtes des îles indonésiennes de Java et de Sumatra après une éruption du volcan Anak Krakatoa s’est alourdi lundi à 281 morts, alors que les équipes de secours continuaient de fouiller les décombres à la recherche de survivants. On déplore également un millier de blessés.

Des centaines d’habitations, d’hôtels, de magasins ont été détruits ou endommagés par le passage du tsunami, survenu presque sans laisser le temps d’alerter les populations des rivages du détroit de la Sonde, et des milliers de personnes ont dû se réfugier sur des positions plus élevées.

Militaires et volontaires de secours étaient à pied d’oeuvre ce lundi à Pandeglang, secteur de Java le plus touché.

Les autorités craignent une nouvelle déferlante. Le ministre des Travaux publics, Basuki Hadimuljono, a indiqué que les opérations de secours se poursuivraient mais devraient s’arrêter « au premier signe de forte marée ».

Les autorités ont également prévenu les habitants et les touristes des régions riveraines du détroit de la Sonde, qui sépare Java et Sumatra, de ne pas s’approcher des plages. L’alerte aux fortes marées a été prolongée jusqu’à mercredi.

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