Messe inédite en plein air du pape François aux Emirats

Le pape François termine mardi sa visite historique aux Emirats arabes unis par une messe en plein air, inédite dans un pays qui tolère la pratique de la foi chrétienne à condition qu’elle reste discrète.

Tôt mardi, plus de 2.000 bus ont transporté gratuitement des fidèles de tout le pays jusqu’à Abou Dhabi pour la messe prévue à 10H30 locales (06H30 GMT) dans un stade. Le pape est lui-même arrivé vers 10H00 (06H00 GMT) en saluant une foule enthousiaste.

Un organisateur a avancé sur haut parleur la présence de quelque 170.000 personnes -un rassemblement public inédit aux Emirats arabes unis- assistant à l’événement à l’intérieur et à l’extérieur du « Zayed Sports City », le plus grand stade du pays, placé sous haute sécurité.

Le chiffre de 135.000 tickets distribués avait été annoncé plus officiellement avant l’événement.

Selon les médias locaux, ce rassemblement est en tous cas le plus important jamais organisé dans le petit pays du Golfe.

Attendant sagement l’arrivée du pape dans sa célèbre « papamobile », petits drapeaux jaunes et blancs, couleurs du Vatican, entre les mains, le public a explosé en voyant apparaître le pape dans le stade. « Pope Francisco », ont-ils scandé, en exultant lorsque François s’est arrêté pour saluer deux fillettes courant vers lui.

 

Les Emirats comptent une population composée à plus de 85% d’expatriés. Les ressortissants originaires de pays asiatiques constituent environ 65% de cette population et ils sont employés dans tous les secteurs, du bâtiment aux services en passant par l’hôtellerie.

Environ un million de catholiques vivent aux Emirats arabes unis, soit près d’un habitant sur dix. Le pays compte le plus grand nombre d’églises catholiques de la région, soit huit.

Avant son homélie dans le stade, le pape a fait une halte matinale à la cathédrale Saint-Joseph, à Abou Dhabi.

Dans ce pays observant un islam plus modéré que ses voisins, la présence de lieux de culte chrétiens fréquentés par des étrangers est tolérée, à condition que ces derniers restent discrets et évitent le prosélytisme.

Aucune célébration ne peut toutefois être faite publiquement et la messe de mardi revêt à cet égard un caractère exceptionnel. Les très rares chrétiens locaux sont pour leur part obligés de pratiquer leur foi en secret dans ce pays où quitter l’islam est puni de mort.

Les Emirats ont toujours cherché à projeter l’image d’un pays ouvert et tolérant, même si ce pays pratique une politique de « tolérance zéro » à l’égard de toute dissidence et notamment celle des adeptes de l’islam politique incarné par les Frères musulmans.

L’Arabie saoudite voisine, royaume ultra-conservateur, ne compte il est vrai que des mosquées et interdit toute autre pratique religieuse que celle de l’islam.

Le pape François, dans un long discours lundi devant des responsables de toutes les religions, a encouragé les Emirats arabes unis à « poursuivre son chemin » garantissant la liberté de culte, évoquant « un carrefour entre Occident et Orient ».

Dans le même temps, le pape jésuite a insisté sur l’impératif de « la liberté religieuse », qui doit aller au-delà de la simple liberté de culte. Il a également demandé pour l’ensemble du Moyen-Orient « le même droit à la citoyenneté » pour les personnes « de diverses religions ».

Le pape et le grand imam d’Al-Azhar ont ensuite condamné ensemble toute discrimination contre les minorités religieuses et appelé à la fraternité, dans un document sans langue de bois co-signé lundi soir.

Toute la journée, le pape François, vêtu de blanc, et le grand imam sunnite de l’institut égyptien Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, en noir, s’étaient montrés ensemble fraternellement, côte à côte devant la grande mosquée Zayed –l’une des plus grandes de la planète–, puis s’embrassant sur la même tribune de la conférence interreligieuse, bombardée par une pluie de feuilles d’olivier.

Les deux leaders religieux ont publié un texte appelant en particulier à la liberté de croyance et d’expression, à la protection des lieux de culte et prônant audacieusement une pleine citoyenneté pour les « minorités » discriminées.

Leur appel commun ne va toutefois pas jusqu’à admettre le droit à ne pas adhérer à une religion, dressant même un surprenant parallèle entre « l’extrémisme athée et agnostique » et « l’intégrisme religieux ».

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