Maroc : le ministre du Tourisme déplore le manque d’investissements privés et publics

Si les chiffres du tourisme dans le royaume chérifien sont en progression, il en faut plus pour contenter le ministre du secteur, Mohamed Sajid. En conseil du gouvernement, ce dernier a pointé l’important décalage entre les investissements annoncés par les différents acteurs et les projets effectivement réalisés.

Des recettes touristiques qui progressent de 5 %, un nombre de visiteurs en hausse de 10 %, + 15 % pour les nuitées… Les indicateurs du secteur du tourisme, à la fin août 2017, témoignent d’une reprise de ce pan essentiel de l’économie marocaine et surtout de sa résilience par rapport à la crise que connaît l’activité touristique en Afrique du Nord. Mais ces performances sont loin de satisfaire les professionnels du secteur et les pouvoirs publics.

Le ministre du Tourisme l’a lui-même souligné lors du dernier conseil du gouvernement, le 5 octobre. Dans un exposé présenté devant ses collègues de l’exécutif, Mohamed Sajid a mis l’accent sur les failles qui entravent le développement du secteur et qui résident selon lui principalement dans les modèles de gouvernance et d’investissement.

Deux axes sur lesquels le responsable gouvernemental veut articuler sa propre vision pour le secteur, qui viendrait rectifier la feuille de route établie fin 2010 pour l’horizon 2020 et qui semble désormais obsolète.

Des milliards en suspens

Au niveau de la gouvernance, Mohamed Sajid aimerait activer le Conseil supérieur du tourisme et la Commission interministérielle du tourisme, deux instances créées sur le papier mais qui n’ont jamais été opérationnelles.

Le ministre envisage également  l’intégration des objectifs des 15 contrats programmes régionaux dans cette nouvelle vision. « Seuls 44 projets, sur le millier prévu, ont été réalisés depuis le lancement de la vision 2020 », glisse une source du département du Tourisme.

C’est dans le volet investissement que cette « vision 2020 » se trouve le plus en décalage par rapport aux objectifs. Sur les 177 milliards de dirhams (15,6 milliards d’euros) prévus par cette feuille de route, seuls 46 milliards ont été débloqués (4,1 milliards d’euros).

Et la faute en incombe à toutes les parties prenantes : le budget général de l’État n’a mobilisé que 5 milliards de dirhams d’investissement, au moment où il devait y consacrer 32 milliards.

Le Fonds pour le développement économique et social, de son côté, n’a débloqué que 800 millions de dirhams sur les 5 milliards prévus.

Mais c’est le secteur privé qui a le plus failli : 40 milliards d’investissements ont été consentis durant les six dernières années, alors que les engagements à horizon 2020 se chiffraient à  140 milliards de dirhams. Autant de milliards qu’il va falloir désormais réaffecter en fonction de la vision du nouveau ministre.

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