« L’HISTOIRE DU BARREAU DU SÉNÉGAL » DE LA COLONISATION JUSQU’EN 2016, RETRACÉE PAR UNE JOURNALISTE

« L’HISTOIRE DU BARREAU DU SÉNÉGAL » DE LA COLONISATION JUSQU’EN 2016, RETRACÉE PAR UNE JOURNALISTE

15 janvier 2019 0 Par univers-actu
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Le film « L’histoire du barreau du Sénégal », une production de l’Ordre national des avocats, retrace l’histoire de cette profession de la colonisation à 2016.
Projeté lundi à Dakar, il donne la parole à une cinquantaine de personnes-ressources constituées d’avocats, de docteurs en histoire du droit, d’historiens, d’écrivains, etc.

Ces témoins de l’histoire retracent les différentes étapes qui ont jalonné cette profession au Sénégal, depuis sa naissance au Sénégal un siècle avant l’accession du pays à la souveraineté internationale en 1960.

L’histoire des avocats du Sénégal a débuté à Saint-Louis le 5 mars 1859, apprend-on dans une version résumée de 52 minutes du documentaire. Celle-ci a été projetée lors d’une cérémonie de lancement à l’hôtel King Fahd, présidée par le directeur de cabinet du ministre de la Justice, Meïssa Diakhaté, en présence de bâtonniers venus de plusieurs pays africains et d’ailleurs.
Selon Me Sylvain Sankalé, docteur en histoire du droit, les premiers avocats étaient désignés sous le nom de « conseils commissionnaires », puis d’ »avocats défenseurs ».

Selon lui, « jusqu’en 1960, ils étaient sous l’autorité du procureur général près de la Cour d’Appel et étaient nommés ».

Deux avocats laissent des « empreintes indélébiles » dans cette profession, souligne le documentaire.
Il s’agit de Me Lamine Guèye, né le 27 septembre 1891 près de Kayes, au Mali, qui est l’initiateur de plusieurs lois, dont celle de 1946 qui étend la citoyenneté française à toute les populations d’Outre-mer.
Son cadet, Me Waldiodio Ndiaye a aussi marqué les esprits face au Général de Gaulle à la place Protêt, à Dakar, avec son fameux discours en faveur de l’indépendance nationale.
L’on apprend aussi que nombreux sont ceux qui affirment que Me Lamine Guèye est le premier avocat noir du Sénégal inscrit près de la Cour d’Appel et les tribunaux de l’Afrique occidentale française (AOF).
Des archives sur lesquelles s’appuie le documentaire, il ressort que le premier avocat noir sénégalais est Me François Xavier Benga, né à Gorée le 25 août 1885, d’une mère issue de la famille royale du Cayor et d’un père lébou.
Le film passe en revue les combats saillants des avocats, que ce soit au Sénégal ou à Madagascar avec Me Lamine Guèye, ou encore en Algérie avec le Front national de libération (FNL), dont Me Abdoulaye Wade, ancien président de la République sénégalaise fut parmi les avocats défenseurs.
Le conflit de générations, notamment pour l’accès à la profession, n’est pas non plus passé sous silence.
En politique, le rôle et la place joués par les avocats durant la colonisation, dans l’émancipation et l’indépendance et la transmission de l’Etat de droit restent importants, selon le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Me Mbaye Guèye.
Le film s’attarde aussi sur des figures connues comme Me Babacar Sèye, Me Doudou Ndoye et d’autres moins connues, à l’image de la doyenne des avocats du Sénégal, Me Eugénie Issa Sahegh, etc.

Le passé, le présent et l’avenir de cette profession ainsi que les défis qu’elle est appelée à relever sont par ailleurs passés en revue.

Me Mbaye Guèye, l’actuel bâtonnier de l’Ordre national des avocats, se projette sur l’avenir, en estimant que « le barreau de demain sera plus communautaire que national », soulignant que beaucoup de réformes sont en cours, en lien notamment avec l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
Aujourd’hui, l’on recense au Sénégal 418 avocats dont une quarantaine de femmes. Pour lui, ce film mérite d’être connu du grand public.

C’est un document « historique pédagogique » mis à la disposition des étudiants en droit, des professionnels du métier, souligne la coordinatrice éditoriale et réalisatrice, Cécile Sow.

Elle précise que ce documentaire, tourné entre août 2014 et mai 2016, se compose de trois épisodes d’une heure chacun respectivement intitulés « 1859-1960 : aux origines de la profession d’avocat au Sénégal », « 1960-1984 : Le barreau en quête de liberté » et « 1984-2016 : Le barreau face à de nouveaux défis ».
Selon Cécile Sow, ce film est une idée de l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Ahmet Ba (2013-2016). L’Ordre des avocats du Sénégal en est le producteur délégué.
La réalisatrice Cécile Sow, ancienne journaliste à Radio « Nostalgie » Sénégal et au magazine panafricain Jeune Afrique, a aussi travaillé à la radio Sud Fm.