Investissement : l’Allemagne met sur les rails son New Deal pour l’Afrique

Réunis à Baden-Baden vendredi et samedi, les ministres des Finances du G20, que l’Allemagne préside pour un an, ont accueilli plusieurs de leurs homologues africains. L’occasion pour l’Allemagne de mettre sur les rails son Compact for Africa, un programme de promotion de l’investissement privé en Afrique.

« Révolutionnaire ». C’est par ces mots, rapportés par l’AFP, qu’Amadou Bâ a qualifié la place de l’Afrique dans la dernière réunion des ministres des Finances du G20. Le ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal faisait partie des cinq pays africains (avec la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Rwanda et la Tunisie) à avoir été conviés par leurs homologues des 19 économies − auxquelles s’ajoutent des représentants de l’Union européenne − qui représentent 80% du PIB mondial.

Et, en effet, la deuxième des 15 conclusions auxquelles les ministres sont parvenus fait la part belle au continent en s’engageant à « approfondir et élargir la coopération économique et financière avec les pays africains ».

L’agenda 2063 de l’Union africaine

C’est la conséquence directe de l’engagement pris par l’Allemagne lors des débuts de sa présidence tournante du G20 le 1er décembre : faire de l’investissement en Afrique une priorité. D’où à Baden-Baden la mise en orbite diplomatique de son Compact for Africa, sorte de New Deal made in Germany « visant à promouvoir l’investissement privé notamment dans les infrastructures », selon le communiqué de clôture de la rencontre.

L’initiative entend participer à la mise en oeuvre des objectifs de l’agenda 2063, plan développé par l’Union Africaine pour la transformation économique, énergétique, agricole, de l’industrie et des services en Afrique.

Mais passé l’effet d’annonce, peu d’engagements financiers concrets sont venus étoffer la nouvelle initiative, mise à part la Banque mondiale qui a sorti la calculette concernant les engagements qu’elle entend prendre pour l’Afrique au cours des trois prochaines années. Résultat de l’addition : 57 milliards de dollars.

60% des fonds de l’association internationale de développement

L’institution financière internationale a ainsi indiqué que des 75 milliards de dollars qui ont été promis en décembre à l’Association internationale de développement (IDA), sa branche dédiée aux pays pauvres, 45 milliards de dollars iront à l’Afrique. Ils seront alloués à un portfolio de 448 projets en cours de développement dans l’assainissement et la distribution de l’eau potable, dans l’augmentation des capacités électriques, l’amélioration des services de santé etc…

Plusieurs autres institutions de la Banque mondiale seront mises à contribution, a également rappelé son patron Jim Yong Kim, qui mettait le cap sur le Rwanda et la Tanzanie au terme de la rencontre allemande. Ainsi huit milliards de dollars proviendront de l’IFC, sa filiale dédiée à l’investissement dans le secteur privé, dont les engagements totaux atteignent environ 20 milliards de dollars chaque année. Et, enfin, quatre milliards de dollars seront apportés par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Bird).

Des initiatives qui existent déjà.

« Ce que le G20 Finance propose actuellement sont des investissements privés, sur lesquels il n’a pas la main, et des initiatives qui existent déjà », a réagi l’ONG One, co-fondée par le chanteur irlandais Bono et qui vise par le plaidoyer à mettre fin à l’extrême pauvreté, en particulier en Afrique.

Seule nouveauté : une fenêtre pour l’investissement privé en Afrique (Private sector window, PSW) dont la Banque mondiale a fait l’annonce à Baden-Baden sans toutefois en indiquer l’éventuelle dotation ni les modalités de fonctionnement. L’outil doit compléter l’agence multilatérale de garantie des investissements (Miga), elle aussi membre de la Banque mondiale et qui délivre des garanties aux entreprises investissant en Afrique.

Le prochain G20 doit se tenir à Hambourg, les 7 et 8 juillet.

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