Disparition : Henri Michel, l’Africain

Figure mythique du FC Nantes, ancien capitaine de l’Équipe de France, dont il sera le sélectionneur, Henri Michel a également beaucoup travaillé en Afrique, dirigeant des équipes comme le Cameroun, le Maroc, la Tunisie ou la Côte d’Ivoire. Il s’est éteint le mardi 24 avril à Aix-en-Provence, sa ville natale, à l’âge de 70 ans.

Henri Michel appartient au cercle très fermé de ceux qui ont disputé cinq Coupe du monde. Alors joueur du FC Nantes, où il a évolué de 1966 à 1982, il participa à celle de 1978. Une fois entraîneur, l’Aixois a vécu celles de 1986, 1994, 1998 et 2006 sur les bancs respectifs de la France, du Cameroun, du Maroc et de la Côte d’Ivoire. Il ne dépassera le premier qu’une seule fois, avec les Bleus au Mexique, qu’il conduira à la troisième place, avant d’être éjecté brutalement, en 1988.

Sa carrière africaine a débuté en 1994, à l’occasion de la Coupe du monde aux États-Unis, deux ans après une dernière expérience mitigée au Paris-SG. En s’engageant avec les Lions indomptables (Cameroun), Michel ne se doutait pas qu’il écumerait le continent pendant 18 ans, malgré quelques infidélités éphémères faites en Arabie saoudite (Al-Nassr FC, 1995), aux Émirats arabes unis (2000-2001), en Grèce (Aris Salonique, 2001) et au Qatar (Al-Ahli, 2006).

Cinq ans sélectionneur du Cameroun

Il ne résistera pas à l’élimination du Cameroun au premier tour de la World Cup américaine. « Il s’agissait de sa première expérience en Afrique. Il manquait de repères, par rapport aux mentalités notamment. Mais il avait tout fait pour fédérer le groupe. On avait passé peu de temps ensemble avant la Coupe du monde, mais il avait profité de nos voyages à l’occasion des matchs de préparation pour mieux nous connaître. Malgré les tensions qui existaient dans le groupe, entre les joueurs, il avait fait le maximum pour que ça fonctionne », se souvient Thomas Nkono, alors gardien des Lions.

Il fait preuve d’une longévité rare dans le monde parfois impatient du football africain

Puis en restant presque cinq ans à la tête de l’équipe du Maroc (1995-2000), avec une qualification pour la Coupe du monde 1998 et deux pour les CAN 1998 et 2000, Michel fait preuve d’une longévité rare dans le monde parfois impatient du football africain. En revanche, l’expérience en Tunisie tourne court, après une sortie de route prématurée au premier tour de la CAN 2002 au Mali.

Les regrets du Caire

Après un retour au Maroc en 2003-2004 à la tête du prestigieux Raja de Casablanca, avec qui il remporte le championnat (2004) et la Coupe de la CAF (2003), Michel est nommé sélectionneur de la Côte d’Ivoire, en 2004. Il qualifie les Éléphants de Drogba, Yaya Touré et Bonaventure Kalou pour la CAN 2006, avec à la clé une finale perdue contre l’Égypte au Caire (0-0, 2-4 aux tirs au but) et pour la Coupe du monde la même année en Allemagne.

Humainement, c’était agréable de travailler avec lui. Il avait une vraie connaissance du haut niveau », se souvient Michel Dussuyer

« C’était un homme sensible. Il avait eu des relations assez difficiles avec Jacques Anouma, alors président de la Fédération, après un match contre le Cameroun lors des éliminatoires. Humainement, c’était agréable de travailler avec lui. Il avait une vraie connaissance du haut niveau », se souvient Michel Dussuyer, alors membres du staff technique ivoirien.

Il démissionne de Guinée équatoriale en dénonçant des « ingérences politiques dans son travail »

La suite verra le technicien français multiplier les expériences aux quatre coins du continent. Son retour à la tête des Lions de l’Atlas (Maroc) abrège sa mission au Zamalek (Égypte), en 2007, mais il est limogé en février 2008, après une CAN ratée en Angola.

C’était un coach qui était proche de ses joueurs, mais on sentait qu’il était un peu fatigué par les voyages, la pression, très forte en Afrique », note Youssouf Hadji

« Il avait eu mon frère Mustapha comme joueur, qu’il adorait. Je m’entendais bien avec lui. C’était un coach qui était proche de ses joueurs, mais on sentait qu’il était un peu fatigué par les voyages, la pression, très forte en Afrique », note Youssouf Hadji, l’attaquant de Nancy.

Puis il démissionne de Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud) en mars 2009, quatre mois après sa nomination. Ses retours au Zamalek (2009) et au Raja (2010) sont ratés, et en décembre 2011, alors qu’il s’apprête à disputer la CAN 2012 avec la Guinée équatoriale que l’ancienne colonie espagnole coorganise avec le Gabon, Henri Michel claque la porte en dénonçant « des ingérences politiques dans son travail. » Il démissionnera de nouveau en décembre 2012 du Kenya, après seulement cinq mois passés à Nairobi.

« Il était direct, cash, explique Dussuyer. Quand quelque chose ne lui plaisait pas, il le disait et prenait ses responsabilités. » Michel, qui vivait à Beyrouth, était revenu à Aix-en-Provence dernièrement. Son combat contre le cancer fut hélas celui de trop…

Jeune afrique

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