Des experts appellent à améliorer la politique d’investissement agricole au Sénégal

Le coordonnateur technique du Cadre national de concertation des ruraux (CNCR), Marius Dia, a souhaité, mercredi, à Dakar, l’adoption de programmes d’investissement agricole ‘’différenciés’’ et ‘’adaptés’’ aux spécificités de chaque ‘’terroir’’.

‘’Pour chaque terroir, il va falloir imaginer un modèle d’investissement permettant d’équilibrer la pratique de l’agriculture dans les terroirs, afin de redynamiser l’économie locale et en même temps donner aux jeunes la chance de bénéficier d’emplois directs ou indirects’’, a proposé M. Dia lors d’une ‘’concertation nationale sur les investissements agricoles’’.

‘’Il faut identifier les modèles d’agriculture qu’il faut financer en fonction des potentialités de chaque région’’, a-t-il suggéré, soulignant qu’à la maîtrise de l’eau dans le nord du pays, ‘’d’énormes moyens ont été déployés’’.

En conséquence de ces progrès, ‘’les jeunes reviennent au terroir et la pauvreté recule’’ dans cette partie du Sénégal, selon Marius Dia.

Dans d’autres régions, le sud-est par exemple, il existe d’importantes potentialités agricoles, mais il n’y a pas assez d’investissements, a relevé M. Dia, ajoutant que dans cette partie du Sénégal, la pauvreté s’accentue et les jeunes partent vers d’autres contrées, ‘’par tous les moyens’’, pour gagner leur vie.

Selon le représentant du CNCR, l’une des plus grandes organisations paysannes sénégalaises, il faut, pour améliorer l’agriculture, ‘’imaginer des modèles’’ agricoles adaptés aux régions et soutenir les exploitations familiales.

Selon M. Dia, un modèle agricole doit être dédié à la partie du bassin arachidier constituée des régions de Diourbel, Louga et Thiès, pour fertiliser ses sols ‘’complètement lessivés’’.

D’autres modèles doivent servir par exemple à ‘’associer l’agriculture à l’élevage’’, a-t-il proposé, souhaitant que ‘’l’investissement soit rééquilibré pour coller à la politique de territorialisation et des pôles de développement’’ prévus par l’Etat.

Le gouvernement doit ‘’faire avancer la réflexion sur la question essentielle de l’investissement agricole’’, a souligné Ibrahima Athie, directeur de recherche à l’Initiative prospective agricole et rurale, ‘’un espace de réflexion (…) pour des politiques agricoles et rurales concertées au Sénégal et dans la région ouest-africaine’’.

‘’Dans le cadre de la recherche, on a constaté que le niveau d’investissement a un impact direct sur les populations, le niveau de pauvreté et la migration’’, a ajouté M. Athie, pour inciter les pouvoirs publics sénégalais à accorder davantage d’importance au financement de l’agriculture.

‘’C’est réconfortant de voir que le niveau des investissements publics destinés à l’agriculture est assez élevé, puisqu’il représente 11 % du budget du ministère’’ chargé de ce secteur, a-t-il dit, tout en estimant qu’‘’il y a encore des efforts à faire’’.

L’Etat favorise l’investissement privé dans l’agriculture, avec la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal, s’est-il réjouit, en louant en même temps le projet ‘’Nattal Mbey’’.

Aussi faut-il veiller à la couverture des risques par l’assurance et à l’adoption d’une fiscalité incitative pour les investisseurs intéressés par l’agriculture, pour rendre le secteur attractif, selon Ibrahima Athie.

La ‘’concertation nationale sur les investissements agricoles’’ est organisée par le Programme d’accompagnement des initiatives citoyennes de la société civile (PAISC), placé sous la tutelle du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan.

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