Congo : pourquoi Brazzaville a rappelé 16 de ses ambassadeurs

Conséquence de la crise économique qui frappe le pays de plein fouet ou besoin de redynamiser la diplomatie congolaise ? Depuis le rappel à Brazzaville de 16 ambassadeurs, chacun y va de son commentaire. Qu’en est-il vraiment ?

« Sur instruction du président de la République, je vous notifie la cessation de vos fonctions, en qualité d’ambassadeur […] et de votre rappel définitif. » C’est avec cette formule on ne peut plus lapidaire que Jean-Claude Gakosso, ministre congolais des Affaires étrangères, a introduit ses 16 notes de services, envoyées à 16 chefs de représentations diplomatiques congolaises dans le monde.

Dans cette lettre interne datant du 25 janvier et dont Jeune Afrique a pu consulter une copie, le chef de la diplomatie congolaise demande également aux personnes concernées « de prendre les dispositions usuelles » relatives à leur retour au pays.

Les 16 rappelés

Parmi les ambassadeurs rappelés, toutes affaires cessantes, à Brazzaville, neuf étaient basés sur le continent : Marie-Thérèse Avemeka (Namibie), Valentin Olessongo (Maroc), Célestine Kouakoua (Guinée équatoriale), Jean-Marie Mowele (Nigeria), Pierre Michel Nguimbi (Sénégal), Raphaël Malonga (Égypte), Gabriel Entcha Ebia (Centrafrique), Jean-Baptiste Dzangue (Angola) et Gisèle Bouanga Kalou (Cameroun).

Jean-Marie Adoua, ambassadeur et délégué permanent du Congo-Brazzaville auprès de l’Unesco, est également appelé à faire ses cartons. Il en est de même de Jacques Yvon Ndolou (Allemagne), Luc Okio (Suisse), Félix N’goma (Inde), Aimé Clovis Guillond (Russie), Pascal Onguiembi (Cuba) et Roger Julien Menga (Belgique).

« Pour pallier ce vide, certainement préjudiciable au Congo, de nouveaux chefs de mission pourraient être promus prochainement », indique une source diplomatique congolaise. Mais quand ? « C’est du ressort du chef de l’État », répond Francis Wabout, directeur de l’information au ministère congolais des Affaires étrangères. « En tout cas, la procédure est enclenchée, assure-t-il. Sur l’instruction du président de la République, le ministre [Jean-Claude Gakosso] a déjà accompli sa tâche. »

À l’en croire, les 16 ambassadeurs ont été rappelés après une « espèce d’autopsie de l’action diplomatique du Congo » par le ministre Gakosso, arrivé aux affaires en août 2015. « De ce travail, il ressort plusieurs constats, notamment le vieillissement de certains chefs de mission, une présence en poste trop longue (entre dix et vingt ans), contrairement à la règle qui fixe le mandat des diplomates à quatre ans, et l’inefficacité », poursuit-il.

« Nouvelle carte diplomatique »

Vont-ils tous été remplacés ? Pas si sûr. « Nous travaillons sur une nouvelle carte diplomatique du Congo. En tenant compte des charges financières et de la qualité des rapports avec le pays hôte, certaines ambassades vont être maintenues ou fermées et certains ambassadeurs rappelés. S’ils remplissent les critères, ils pourront être redéployés ailleurs », confie Francis Wabout.

Comme au Rwanda en juillet, le Congo-Brazzaville compte ouvrir ses représentations diplomatiques dans d’autres pays. Notamment en Corée du Sud où, pour l’instant, Daniel Owassa, ambassadeur congolais en Chine, couvre ce « partenaire stratégique que le ministre Gakosso a visité en novembre 2016 », relève le directeur de l’information au ministère congolais des Affaires étrangères.

Des études sont également en cours pour une installation prochaine, « par réciprocité », d’une représentation diplomatique congolaise au Venezuela, ce pays ayant déjà une ambassade au Congo-Brazzaville. Le Canada et l’Australie font aussi partie des nouvelles priorités pour la diplomatie congolaise.

Restrictions budgétaires

Inversement, d’après nos informations, certaines ambassades du Congo-Brazzaville, à l’instar de celles installées au Japon ou en Suède, pourraient être rayées de cette nouvelle carte diplomatique. La crise économique est passée par là.

Depuis la chute du baril de pétrole,le Congo-Brazzaville vit au rythme de restrictions budgétaires. Le taux de croissance s’est situé en dessous de la barre des 2% en 2016 contre 2,3% l’année précédente, selon les prévisions du Fonds monétaire internationale (FMI). Et le pays a réduit son budget de 10% en 2016. Une situation qui n’est pas sans incidence sur le bon fonctionnement des chancelleries congolaises à l’étranger.

commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Translate »
RSS
Follow by Email
YouTube
Telegram
WhatsApp