Bauxite en Guinée et au Ghana: défis et controverses

La bauxite, matière première de l’aluminium, continue d’attirer les entreprises chinoises en Afrique de l’Ouest. La Guinée devrait bientôt accueillir un nouveau projet minier, avec infrastructures à la clé. Au Ghana, on envisage d’exploiter la bauxite aux dépens de la dernière forêt primaire du pays.

Le Parlement du Ghana planche sur un texte qui autoriserait l’exploitation de la bauxite dans la forêt d’Atewa, une réserve protégée au nord du pays. Le Ghana, comme tous les pays de la ceinture tropicale qui ont des collines et des plateaux lessivés par les pluies, et une saison sèche, ont un sol très riche en bauxite. Il y a dix ans déjà le géant américain de l’aluminium Alcoa et la société ghanéenne Valco avaient prélevé des échantillons dans cette réserve forestière. Mais le projet avait été abandonné…Trop controversé.

Gâchis au Ghana

La forêt d’Atewa, également appelée forêt de Kyebi, est la dernière forêt primaire du Ghana. Or la mine de bauxite exigerait d’en raser les sommets montagneux. De l’aveu même d’un géologue qui connaît cette région et toutes les zones riches en bauxite d’Afrique de l’Ouest, ce serait un immense gâchis. La biodiversité serait non pas déplacée comme dans d’autres massifs forestiers, mais définitivement perdue. Malgré les promesses du président Akufo-Addo de préserver Kyebi, l’inquiétude grandit étant donné que le Ghana a signé avec la Chine des accords de financements en échange de contrats miniers.

Faible transformation en Guinée

En Guinée, la Chine poursuit sa conquête de la bauxite. Il s’agit de remplacer les anciens fournisseurs, Indonésie et Malaisie, qui ont mis un embargo sur l’exportation de cette matière première. Les projets d’extraction se multiplient en Guinée, notamment dans la région de Boké, ce qui ne va pas sans problèmes sociaux et environnementaux avec la population. Certains gisements prévoient un chemin de fer et une usine de première transformation pour fabriquer de l’alumine. C’est ce qu’annonce le consortium sino-singapourien SMB-Winning.

Mais la capacité de cette usine, 1 million de tonnes d’alumine, soit 2 millions de tonnes de bauxite transformées, est très faible par rapport aux 30 millions de tonnes de bauxite qui seront produites à terme, ce qui pose question sur la véritable motivation à créer de la valeur ajoutée en Guinée. C’est pourtant le troisième producteur mondial de bauxite désormais, derrière l’Australie et la Chine.

RFI

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