Après avoir fraudé à la SNCB, Edmée De Groeve peut voyager à l’œil

Dans la répartition du grand gâteau public, il y a plus à plaindre que les membres du conseil d’administration (CA) de la SNCB. Pour y siéger, ils reçoivent chacun entre 20 000 et 30 000 euros brut par an. Ces sommes sont constituées d’un fixe de 13 600 euros, auquel s’ajoute un variable constitué de jetons de présence (500 euros par réunion, tout de même).

Ça, c’est pour les administrateurs « de base ». Le président du CA, le reyndersien Jean-Claude Fontinoy, touche un revenu fixe de près de 40 000 euros par an, auquel s’ajoutent les jetons de présence versés à chaque réunion (500 euros). Le président du CA perçoit en outre une indemnité annuelle pour frais de fonctionnement de 2 400 euros et dispose d’une voiture de service.

Plus que 4 tickets internationaux

Comme il s’agit des chemins de fer, tout ce petit monde jouit en plus d’un abonnement en première classe en libre-parcours. Les conjoints des administrateurs bénéficient également d’un libre-parcours en « première » sur le réseau SNCB. En outre, les membres du CA et leur conjoint jouissaient de billets gratuits à la demande pour tous les pays de l’Union européenne. Ce dernier avantage appartient toutefois au passé.

Dans le contexte actuel de transparence dans les rémunérations publiques, le ministre fédéral de la Mobilité, François Bellot (MR), avait demandé fin janvier à la SNCB d’établir le cadastre des avantages accordés à ses administrateurs. Manifestement, la gratuité des voyages pour des destinations en Europe a choqué en haut lieu : ce petit cadeau vient d’être revu à la baisse.

En effet, lors de sa séance du 24 février, le CA de l’entreprise publique a décidé de limiter cette gratuité à quatre trajets simples par an – Thalys ou Eurostar – pour l’administrateur et/ou son ou sa partenaire. Selon un document interne, il s’agissait d’aligner les avantages des administrateurs sur ceux du personnel contractuel de la société ferroviaire.

Tous ces avantages – réduits désormais – en matière de transport sont également valables pour les anciens administrateurs de la SNCB qui ont dix ans d’ancienneté. Autrement dit, Edmée De Groeve (PS) bénéficie en théorie de cet avantage (sauf en ce qui concerne les voyages au niveau européen) malgré sa condamnation en première instance, en 2013, à quinze mois de prison avec sursis pour abus de biens sociaux, faux, détournements et escroquerie. Cette proche d’Elio Di Rupo s’était fait rembourser deux fois des frais de restaurants ou encore des frais de déplacements auprès de l’aéroport de Charleroi et de la SNCB (2 500 euros par mois en moyenne) dont elle était présidente. En 2015, elle avait bénéficié d’une transaction pénale dans ce dossier.

Précisons que si Edmée De Groeve a toujours bien droit à la gratuité de la première classe partout sur le réseau belge, elle n’a jamais demandé son libre-parcours, comme on nous le confirme au sein du CA.

Bovy, Haek, Schouppe…

Autre cas : celui de Laurence Bovy, l’ancienne cheffe de cabinet de Laurette Onkelinx lorsqu’elle était vice-Première ministre. Désignée fin 2016 directrice générale du distributeur d’eau bruxellois Vivaqua, elle est également reprise dans la liste des administrateurs honoraires de la SNCB et a droit à la gratuité des transports en Belgique et dans l’Union européenne. Son compagnon – qui n’est autre que le patron de la RTBF, Jean-Paul Philippot – en bénéficie donc lui aussi potentiellement.

Parmi les autres administrateurs honoraires, on trouve aussi Jannie Haek (SP.A), l’ancien patron de la SNCB holding et actuel dirigeant de la Loterie nationale. Ou encore Etienne Schouppe (CD&V), ancien administrateur-délégué de la SNCB et ancien secrétaire d’Etat en charge de la Mobilité du gouvernement Leterme I.

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