Militants et autres responsables de l’Alliance pour la république (APR) se sont encore donnés en spectacle.
Malgré les nombreux coups que Macky Sall donne à la cloche, la récréation bat toujours son plein, mettant en exergue un leader inaudible, dont personne n’a rien à faire de sa colère réelle ou feinte.
«Macky siffle la fin de la récréation». Cette phrase a été de nombreuses fois reprises par des quotidiens tentant de résumer au mieux une des multiples et perceptibles admonestations du président de l’Apr s’adressant à ses camarades de parti.
En effet, au début du mois de décembre passé, le leader de l’Apr, citant le ministre Mame Mbaye Niang et la coordonnatrice de la Convergence des jeunesses républicaines (Cojer), leur a explicitement demandé de taire leurs querelles et de travailler à consolider les bases de leur parti. Un discours loin d’être conciliant faisant suite à une bagarre opposant des jeunes de l’Apr. Et comme les nombreuses autres fois, le président Sall n’est guère entendu. Les protagonistes de son parti ont encore remis ça le weekend dernier. A Ziguinchor, le weekend a été aussi mouvementé chez les apéristes qui se violemment opposés.
Macky Sall allait, sans doute, gagner, après celui de «niangal Sall », le sobriquet de «siffleur de la fin de la récréation» s’il était écouté. Surtout après son incendiaire discours lors de la pose de la première pierre des travaux de la route Dinguiraye-Nioro-Keur Ayib. «Je veux que vous arrêtiez le bavardage, les querelles inutiles et vous mettre au travail. Je m’adresse à mes partisans. Arrêtez de parler de la question du mandat. Il n’y a pas de discipline si chacun se met à parler de cette question tant que les instances ne se sont pas prononcées.
En ce qui concerne la réduction de mon mandat de sept à cinq ans, c’est moi qui l’avais dit et je m’étais engagé lors d’une allocution officielle. J’ai exprimé un souhait, au moment venu, on verra avec les spécialistes comment le mettre en conformité avec les Institutions», avait, en effet, indiqué le chef de l’Etat qui, comme il en a l’habitude, use des moments officiels pour s’adresser à ses partisans. Seulement, malgré la virulence des propos, c’est à peine si le chef de l’Etat est entendu.
Et les exemples sont à suffisance. Si le parti au pouvoir se singularise, en général, par les querelles de positionnement, pour le parti de Macky Sall, fondé en 2008, les querelles n’ont pas attendu la structuration. Comme s’ils peinent à se mettre réellement dans les habits de tenants de pouvoir, les apéristes n’hésitent pas à se crêper le chignon pour gérer leur différend écoutant à peine les remontrances de leur leader.
Au mois de décembre 2013, à la présidence de la République, Biram Faye, alors directeur de l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes (ANEJ) et le griot attitré du chef de l’Etat, Farba Ngom, ont échangé des coups de poing au cours d’un face-à-face digne des grandes affiches de lutte.
Malgré le mécontentement du maître des lieux, souvent relayé par la presse, Abou Lô et le même Farba Ngom vont s’écharper sous les yeux de Macky Sall. Mais Farba Ngom n’est pas le seul à multiplier les bravades sans coup férir. Lui, qui a dégainé une arme à feu et procédé à des tirs de sommation à Matam, fait des émules. Avant que le gâteau de président du parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) n’échoie dans ses lèvres, Moustapha Cissé Lo en a fait voir de toutes les couleurs à Macky Sall qu’il ne cessait de défier.
Alors que le président de la République continuait de dire qu’il allait réduire son mandat de sept à cinq ans, Cissé Lo multipliait les sorties allant dans le sens contraire. «Si Macky fait le fou jusqu’à réduire son mandat», avait fulminé Cissé Lo vent debout contre son leader qu’il a même menacé même de « tout foutre en l’air».
Avec les législatives en perspectives et un Macky Sall qui s’est juré de servir ses alliés autant que ses partisans, la voix du chef n’est pas partie pour être moins tremblotante. Surtout que jusque-là, Macky semble accorder plus de crédit aux rebelles sapant son autorité.