La fragile accalmie qui règne actuellement au Soudan a failli basculer vers une nouvelle montée de tension. La télévision pro-gouvernementale a en effet annoncé une tentative de coup d’Etat à l’issue de laquelle une dizaine de soldats a été arrêtée.
L’information a été communiquée ce jeudi aux environs de 22h GMT. La chaîne pro-gouvernementale a simplement déclaré que le Conseil militaire actuellement aux affaires dans le pays avait déjoué une tentative de coup d’Etat. Les circonstances de ce putsch ? La période à laquelle il a voulu être perpétré ? L’identité des auteurs ? Des détails sur lesquels la chaîne est restée évasive.
Seule indication faite par le Conseil militaire lui-même, l’arrestation de seize soldats – 12 officiers et 4 soldats – dont le présumé initiateur du coup d’Etat manqué. Là aussi, aucun nom ni les rangs des différents putschistes n’ont été donnés, si ce n’est que les forces de sécurité sont toujours à la recherche de leurs présumés complices.
“Des officiers et des soldats de l’armée ainsi que des Services de renseignements, dont certains retraités, ont tenté de mener un coup”, a déclaré dans la soirée le général Jamal Omar, dans une allocution retransmise en direct à la télévision nationale.
“Tentative de bloquer l’accord”
Ces événements interviennent alors que le Conseil militaire et la contestation ont convenu la semaine dernière de se partager le pouvoir durant une période de transition qui devrait durer trois ans. “Il s’agit d’une tentative de bloquer l’accord conclu entre le Conseil militaire de transition et l’Alliance pour la liberté et le changement, qui vise à ouvrir la voie vers la réalisation des demandes du peuple soudanais”, a déclaré le général Omar.
Cet accord prévoyait que les militaires président l’instance de transition pendant les 21 premiers mois, et que les civils prennent la relève pendant les 18 mois restants. Samedi, le Conseil militaire s’est engagé à “appliquer” et “préserver” cet accord. Le texte final devait être signé dans les prochains jours.
Entamée en décembre 2018 à la suite de l’augmentation des prix du pain, la révolution soudanaise a emporté en avril dernier le dirigeant de longue date Omar el-Béchir. Depuis, sa succession fait l’objet de discussions ardues entre la contestation et les dirigeants militaires au pouvoir. La tension était montée d’un cran début juin avec la violente dispersion d’un meeting par les militaires. Depuis le 3 juin, la répression a fait 136 morts, dont une centaine dans la seule dispersion du sit-in, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités parlent de 71 morts.
Après des semaines de tension, il a fallu la médiation de l’Union africaine et de l’Ethiopie pour relancer le dialogue.
Africanews