Le président américain a annulé les déplacements officiels de Nancy Pelosi ce jeudi, alors que démocrates et républicains continuent de se tenir tête sur la question du financement du mur que Trump veut construire à la frontière américano-mexicaine.
Le « shutdown » vire au règlement de compte entre Donald Trump et Nancy Pelosi. Et les coups volent bas. Le président américain et la présidente démocrate de la Chambre des représentants sont engagés dans un bras de fer depuis plus de trois semaines autour de cette impasse budgétaire affectant quelque 800.000 employés fédéraux, qui ne touchent plus leur salaire.
Donald Trump a informé jeudi l’élue de San Francisco, troisième personnage de l’Etat, qu’il avait annulé un déplacement qu’elle devait effectuer en Afghanistan à bord d’un avion militaire, soulignant dans un courrier chargé d’ironie, qu’il serait préférable qu’elle reste travailler à Washington.
Une lettre chargée d’ironie
Cette lettre, rendue publique par la Maison Blanche, fait suite à la demande, formulée mercredi par Nancy Pelosi, de reporter le traditionnel discours sur l’état de l’Union du président, prévu le 29 janvier, mettant en avant des raisons de sécurité. La tradition veut que ce soit le leader de la chambre basse qui invite le président à ce discours annuel devant la Chambre des représentants et le Sénat réunis.
Au coeur du conflit budgétaire les opposant figure le mur que veut ériger Donald Trump à la frontière avec le Mexique, et pour lequel il réclame plus de cinq milliards de dollars. Les démocrates ne veulent pas en entendre parler.
« En raison du shutdown, je suis désolé de vous informer que votre voyage à Bruxelles, en Egypte et en Afghanistan a été repoussé », écrit Donald Trump. « Je suis certain que vous conviendrez comme moi que repousser cet événement de relations publiques est la bonne décision ». »Je pense aussi que, durant cette période, il serait préférable que vous soyez à Washington pour négocier avec moi », écrit-il encore.
« Naturellement, si vous voulez voyager par avion commercial, le choix vous appartient », poursuit-il. Le pouvoir exécutif permet traditionnellement aux leaders du Congrès d’utiliser des avions militaires pour leurs déplacements.
Un échange jugé « puéril » par un sénateur
L’objet du voyage de Nancy Pelosi était « d’exprimer la gratitude envers les hommes et femmes en uniforme » et d’obtenir « des informations critiques en termes de sécurité nationale », a souligné son porte-parole Drew Hammill.
Il a précisé que lors de l’étape de Bruxelles, la délégation d’élus devait rencontrer des hauts responsables de l’Otan et des alliés pour « réaffirmer la solidité de l’engagement des Etats-Unis au sein de l’Alliance ». Son porte-parole a enfin souligné que, contrairement à ce qu’affirme la Maison Blanche, aucun arrêt en Egypte n’était prévu lors de ce déplacement devant avoir lieu selon lui sur un week-end.
« Une réponse puérile ne mérite pas une autre réponse du même ton », a réagi le sénateur républicain Lindsey Graham, renvoyant les deux responsables politiques dos à dos.
« La menace de Mme Pelosi d’annuler le discours sur l’état de l’Union est très irresponsable et clairement politique », a-t-il poursuivi. »La décision du président Trump d’empêcher Mme Pelosi d’utiliser un avion militaire pour aller à la rencontre de nos troupes en Afghanistan ou de nos alliés en Egypte et à l’Otan est également déplacée ». Au 27e jour du « shutdown », les discussions sont dans l’impasse.