Samedi, la mise en service de la centrale solaire Senergy II de Bokhol (d’une capacité de 20 mégawatts), à 400 km au nord de Dakar dans la région de Saint-Louis, signe l’acte I de la politique de mix énergétique du gouvernement de Macky Sall — alors que les centrales déjà en activité fonctionnent largement au moyen d’hydrocarbures. L’infrastructure a coûté 17 milliards de F CFA (25,9 millions d’euros). Elle est, temporairement, la plus importante en Afrique de l’Ouest avant que d’autres, dont l’ouverture est prévue pour bientôt, ne la supplantent.
Le Sénégal inaugure de manière concrète sa nouvelle politique de mix énergétique qui vise à introduire 20% d’énergies renouvelables dans les capacités nationales de production d’ici à 2017 — pour l’heure très tributaires des hydrocarbures.
La mise en service samedi 22 octobre dernier de la centrale solaire photovoltaïque (d’une capacité de 20 mégawatts) de Bokhol est un premier pas. Avec ses 77 000 panneaux solaires installés sur 50 hectares, elle est présentée par ses promoteurs comme étant la première du genre en activité en Afrique de l’ouest. Les travaux de construction avaient été engagées en mai. Elle doit alimenter 9 000 ménages en électricité.
Devant le sévère déficit de production électrique qui frappait le pays et dont le point culminant a été atteint dans les années 2011-2012 (573 MW), le gouvernement de Macky Sall a accéléré la libéralisation de la production électrique ainsi que sa nouvelle politique de mix énergétique. La puissance de génération électrique installée à l’échelle nationale du Sénégal est d’environ 800 MW, selon le chiffre de la Société National d’Électricité du Sénégal (Sénélec).
Les partenariats public-privé fleurissent dans le développement des énergies renouvelables
Au Sénégal, nombre d’investisseurs sont entrés dans la production d’énergies propres ou s’apprêtent à le faire, comme le fonds d’investissement français Méridiam ou l’américain American Capital dans l’éolien à Taiba Ndiaye, dans la région de Thiès, à 50 kilomètres à l’est de la capitale de Dakar.
Les projets sont souvent montés suivant un partenariat public-privé. Ainsi, Méridiam s’est allié au Fonds souverain sénégalais (Fonsis) et à Senergy SUARL, une société sénégalaise de développement de projets énergétiques. Il en est allé de même pour GreenWish Africa REN, le véhicule d’investissement lancé au Sénégal en 2015 par la société d’investissement française GreenWish, à l’origine de la centrale solaire Senergy II : ce véhicule est composé à 55% d’investisseurs français et à 45% de Sénégalais.
Les délais réduits de construction de la centrale solaire sont mis en avant par les promoteurs du projet (environ 6 mois), tout comme le coût de l’électricité produite qui devrait être de 40% inférieur à la moyenne du kilowatt-heure. L’État économiserait annuellement 3 milliards de F CFA (4,5 millions d’euros), soit 58 milliards de F CFA (88 millions d’euros) sur la durée du contrat d’achat d’électricité passé avec la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), ont assuré de concert la Senelec, le gouvernement et GreenWish.
Samedi, le président Macky Sall a d’ailleurs invité le gouvernement et l’énergéticien public, la Senelec, à étudier la possibilité d’une baisse des tarifs de l’électricité en janvier prochain, puisque l’électricité produite par la centrale solaire Senergy II n’appellera pas de subventions — alors que bien souvent les coûts de production ne sont pas couverts et exigent des États qu’ils comblent le déficit [77 milliards de F CFA, soit 117 millions d’euros de l’État du Sénégal à la Senelec en 2014, ndlr].
Montée en puissance des projets solaires africains
Ces nouveaux projets de centrales solaires s’inscrivent également dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre, alors que la 22e conférence internationale sur le climat aura lieu à Marrakech du 7 au 18 novembre.
Plusieurs projets solaire importants sont en cours de construction ou de développement en Afrique de l’Ouest. Parmi eux, le projet concurrent de la centrale Senergy, porté par Méridiam et le Fonsis et située dans la région de Thiès. Elle sera dotée d’une capacité de 30 MW. Sa mise en service est prévue pour début 2017. Au Mali, une centrale de 33 MW développée par la société norvégienne Scatec Solar. Deux centrales solaires de 50 MW sont également en développement en Namibie.
Source:jeuneafrique