Restitution des biens culturels: le rapport Savoy-Sarr, une polémique en vue

Du nouveau sur l’épineuse question de la restitution des biens culturels africains détenus par les musées français. Le président français avait annoncé vouloir mettre en œuvre d’ici cinq ans des restitutions temporaires et définitives. Emmanuel Macron avait nommé Bénédicte Savoy et Felwine Sarr avec pour mission de réfléchir au retour de ces œuvres d’art en Afrique. Ils doivent remettre leur rapport vendredi au chef de l’Etat, mais le magazine français Le Point a pu avoir accès aux bonnes feuilles. Un document qui risque de provoquer des remous.

Bénédicte Savoy et Felwine Sarr vont-ils fâcher Emmanuel Macron ? Dans la lettre de mission adressée aux deux rapporteurs, le président évoquait clairement la circulation des œuvres allant jusqu’à de possibles restitutions. Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, affirme Le Point, n’auraient retenu que le terme « restitution pérenne ».

Le spécialiste de l’Afrique Antoine Glazer n’est pas étonné. « C’est vrai qu’en choisissant Felwine Sarr, pointe-t-il, il allait avoir une sorte d’effet boomerang, du genre : puisqu’on parle de restitutions pourquoi faire des restitutions temporaires. Ça veut dire carrément que l’on rende l’ensemble de ce qui a été pris sur le continent africain en particulier à ceux à qui ça appartient. En intellectualisant cette affaire il se met une épine dans le pied. Encore une fois, est pris qui croyait prendre. »

Pour Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, on restitue quand il y a eu vol, pillage, spoliation, etc. et logiquement il doit y avoir réparation, restauration. De là à parler de bien mal acquis, il n’y a qu’un pas.

Certains historiens de l’art soulignent l’étroitesse de la pensée des deux spécialistes, qui volontairement ignorent l’existence d’un marché et donc de marchands africains. Tous les objets dans les musées français ne sont pas des butins de guerre. L’approche des auteurs serait en partie condescendante et ferait fi d’une partie de la réalité historique. En pointillé, à la lecture du rapport, une question s’impose : que restera-t-il par exemple au musée du quai Branly ? Une idée que d’aucuns jugent un peu loufoque est celle-ci : la confection de doubles dont la charge « auratique » serait assurée par des mécanismes de mise en récit.

commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Translate »
RSS
Follow by Email
YouTube
Telegram
WhatsApp