Des réalisateurs sénégalais ont fait part de leur « déception’’ au sujet de l’absence du Sénégal de la compétition officielle pour l’Etalon d’or de Yennenga de la 26ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), qui célèbre cette année son cinquantenaire, du 23 février au 2 mars prochains.
Les vingt films retenus mardi par le comité d’organisation à Paris pour le prochain FESPACO, prévu du 23 février au 2 mars à Ouagadougou, proviennent de 16 pays du continent.
Aucun film sénégalais n’est sur cette liste des longs métrages de fiction.
Aussi, le Sénégal, détenteur du dernier trophée de l’Etalon de Yennenga, la plus haute distinction du FESPACO, avec le film « Félicité » d’Alain Gomis en 2017, ne pourra pas défendre son titre.
Le cinéaste sénégalais Mansour Sora Wade, par exemple, exprime d’autant plus sa déception qu’il dit ignorer les raisons de l’absence du pays à cette compétition.
« Je ne comprends pas, on aurait pu participer à cette fête du cinéma avec un long métrage en compétition officielle, c’est dommage ! Le Sénégal ne sera pas de la fête », a déploré Mansour Sora Wade, dans un entretien avec l’APS.
Le réalisateur du film « Le prix du pardon », parle d’une « déception », rappelant que le Sénégal est à l’origine de ce festival avec des cinéastes sénégalais comme Ousmane Sembène, Ababacar Samb « Makharam » et d’autres cinéastes étrangers, dont Tahar Charria de la Tunisie.
« Cet absence vient au moment où j’ai beaucoup d’espoir pour le cinéma sénégalais. [….]. Avec les succès enregistrés au FESPACO, on croyait que la relance du cinéma sénégalais était réelle », a dit Wade.
Les réalisateurs Moussa Touré et Moussa Sène Absa partagent aussi cette déception quant à l’absence de films sénégalais de la compétition officielle des longs métrages fiction.
« On n’a rien fait pour y être. (…) Les cinéastes n’ont pas l’argent pour faire des films. Ce n’est pas 100 millions qui peuvent faire un film long métrage, il faut d’autres ressources et quelque chose derrière pour y accéder », explique Moussa Touré, réalisateur du film « La Pirogue », étalon de bronze au FESPACO 2013.
Moussa Sène Absa ne semble pas non plus surpris par cette absence du Sénégal à la compétition officielle du FESPACO. « Nous n’avons pas de films prêts », se désole-t-il.
Tous les deux pointent du doigt le mécanisme de gestion du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuel (FOPICA).
« On peut aider sans faire du saupoudrage en misant sur un film long métrage tous les ans et y mettre tous les moyens nécessaires », indique le réalisateur du film « Madame Brouette » (2002).
Selon lui, « la subvention du FOPICA, de 50 voire 60 millions de francs CFA, ne peut même pas faire une bonne préparation de film long métrage ».
Moussa Touré abonde dans le même sens et prône « une politique de films », à l’image de ce que font certains pays pour Cannes ou Berlin en finançant un film ou deux films.
Il pense cependant qu’il est possible de sauver la face avec les jeunes, notamment dans les catégories courts métrages, fictions et documentaires ainsi que dans les longs métrages documentaires dont la liste n’a pas encore été dévoilée par le comité d’organisation du FESPACO.
La 26 ème édition du FESPACO, qui célèbre cette année son jubilé d’or marquant le cinquantenaire (1969-2019) de la manifestation, a pour thème « Mémoire et avenir des cinémas africains ».
Après l’Egypte en 2015 et la Côte d’Ivoire en 2017, le Rwanda est le pays invité d’honneur de l’édition 2019.