Le leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), Ousmane Sonko, est le candidat à la présidentielle le plus naturellement associé à une promesse de renouveau de l’action politique, à partir d’un discours étonnamment mobilisateur.
Inspecteur des impôts de formation devenu député après sa radiation de la fonction publique pour manquement au droit de réserve, Sonko est devenu au fil des mois l’une des figures majeures de l’opposition sénégalaise, un véritable poil à gratter du régime.
Même ses détracteurs le lui reconnaissent : le candidat de la coalition « Sonko président » a été l’une des révélations du champ politique depuis 4 ans. Il a réussi la prouesse d’être au centre des débats, ravissant la vedette à des figures qui ont rythmé la vie politique sénégalaise ces dernières décennies.
Natif de Thiès (ouest) mais originaire de la Casamance, la région méridionale du Sénégal, Ousmane Sonko a l’avantage de compter sur le crédit d’un parcours professionnel enviable, depuis sa sortie de l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal, section « Impôts et Domaines », promotion 1999-2001.
Une ligne de CV valant à elle seule présomption de compétence, ajoutée à la fibre contestataire de ce fiscaliste fondateur, en 2005, du Syndicat autonome des agents des impôts et domaines (SAID) dont il fut le premier secrétaire général d’avril 2005 à juin 2012.
Un engagement qui ne serait pas étranger aux bases de son action politique, avec la création, en 2014, du parti Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), dont le slogan, (« le don de soi »), suffit à elle seule à renvoyer à ses chères études une classe politique décriée pour son peu de souci pour l’intérêt général.
Inspecteur principal des Impôts et des Domaines, Ousmane Sonko est un ancien vérificateur fiscal responsable qui avait servi à la tête d’une brigade de vérification en charge du secteur immobilier.
Un politique qui veut rompre avec l’image renvoyée par les apparatchiks
Une trajectoire promise à ce titulaire d’une maitrise en droit public de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint Louis (1999) et d’un DEA en finances publiques et fiscalité de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD 2003).
L’ancien auditeur interne à la Direction du contrôle interne (DCI) de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) se veut éloigné de l’image de ces apparatchiks dont la politique semble être le seul gagne-pain, ce qui a donné d’autant plus de poids à son discours sur le patriotisme économique notamment.
Une vague sur laquelle n’a depuis cessé de surfer Ousmane Sonko, par ailleurs titulaire d’un master 2 en Gestion et Finances Publiques de l’Institut Supérieur des Finances (ISF).
Il est en même temps Doctorant en droit public économique et fiscalité à l’Université Jean Moulin Lyon III, toutes choses qui contribuent du crédit au discours économique du leader de PASTEF, surtout quand il se met à pourfendre le franc CFA.
Ousmane Sonko sait surtout insister là où ça fait mal, pointant du doigt les « anomalies » fiscales ou budgétaires dans le fonctionnement de l’Etat.
Comme lorsqu’il soutient que l’Assemblée nationale ne reverserait pas au Trésor les impôts sur les salaires des députés. Ces sorties de celui qui était alors fonctionnaire, agace au plus haut sommet de l’Etat : il est radié de la fonction publique en 2016 pour « manquement au devoir de réserve ».
Un an après, il est élu député à l’Assemblée nationale. Son parti qui participe pour la première fois à une élection a obtenu 33000 voix.
A l’hémicycle, Ousmane Sonko continue de défendre ses thèmes de prédilection : la bonne gouvernance, la défense des intérêts nationaux. Véritable poil à gratter du régime, il devient l’une des voix les plus audibles de l’opposition.
Chantre d’un patriotisme économique, un thème éminemment porteur, il dénonce les contrats pétroliers et gaziers, estimant que l’Etat a été lésé dans ces opérations.
Des ’’Solutions’’ qui se veulent de rupture
Le 31 janvier 2018, Ousmane Sonko présente son livre « Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation ». Il fustige également les coûts de grands projets comme le Train express régional (TER).
En perspective de l’élection présidentielle, il sort un livre intitulé « Solutions », présenté en grande pompe lors d’une cérémonie organisée place de la nation à Dakar. Sonko y expose sa vision et son programme politiques.
Il multiple les déplacements à l’intérieur du pays, s’offrant même une tournée internationale qui le conduira à New-York, Montréal, Paris, Brussels, Madrid, Milan, etc.
Sur les 27 postulants, Ousmane Sonko fera partie des 7 prétendants à la candidature ayant réussi haut la main le « test » des parrainages, une nouveauté censée rationaliser les candidatures aux élections, introduite par la révision constitutionnelle adoptée le 19 avril 2018.
Aux termes de cette réforme, les candidats à l’élection présidentielle doivent obtenir un parrainage au moins égal à 0,8% et 1% au maximum du corps électoral. Les parrainages de chaque candidat doivent être collectés dans sept régions au moins, à raison de 2.000 au moins par région.
De vieux briscards de la politique ont été recalés sur cette base, le leader de PASTEF obtient pour sa part 61 781 parrains. Un « mérite » salué même par ses adversaires.
Il y a toutefois que le leader de PASTEF reste au centre de polémiques, que ses adversaires ne se privent pas de mettre à profit pour espérer le déstabiliser.
En octobre 2018, une vidéo dans laquelle il critique l’action des quatre présidents sénégalais fait rage sur la toile. Ses détracteurs sautent sur l’occasion pour l’accuser de tenir un discours à la limite du salafisme.
« Cette vidéo a été sortie de son contexte et pervertie. Je n’ai cité aucun nom. L’unique dessein ayant motivé la diffusion de la dernière vidéo est de me mettre en mal avec l’opposition. Ils ont diffusé cette vidéo après avoir été informés de démarches pour une rencontre et des discussions avec l’ancien président Abdoulaye Wade », avait répliqué Ousmane Sonko.
Arroseur arrosé ?
De même est-il accusé de conflit d’intérêt quand il accuse de hauts responsables des domaines d’avoir détourné 94 milliards de francs CFA dans une affaire d’indemnisation foncière, une affaire qu’il a rendue publique le 16 octobre, face à la presse.
Mais il est par la suite lui-même mis en cause dans cette affaire par le journaliste Madiambal Diagne, directeur de publication du journal Le Quotidien (privée), ce dernier l’accusant d’avoir des relations « avec des parties prenantes dans cette procédure ». Alors, arroseur arrosé ?
Récemment, des médias, documents à l’appui, affirment que le jeune leader de Pastef a bénéficié d’un financement de la compagnie britannique Tullow Oil. Il s’avéra que les documents brandis par les journaux étaient des faux, une « fake news » en fait comme il en existe abondamment durant une période électorale.
Sur son compte tweeter, la compagnie démentira tout paiement au profit de l’opposant sénégalais.
« Tullow n’a effectué aucun paiement à Sanko. Les documents sont des faux évidents. Ils n’ont pas été signés, n’ont pas le papier à en-tête de Tullow & sont écrits dans un anglais médiocre », lit-on sur le compte tweeter.
Ousmane Sonko inscrit la défense des intérêts nationaux et la bonne gouvernance au cœur de son offre politique, milite pour une limitation des pouvoirs du chef de l’Etat, un appel à candidatures pour certains postes de responsabilités, la mise en place de « contre-pouvoirs solides ».
Il propose aussi le renforcement des pouvoirs et moyens de l’Assemblée nationale pour permettre à l’institution parlementaire de « mieux jouer son rôle de contrôle du gouvernement ».
Le leader de PASTEF compte aussi renforcer le pouvoir judicaire, supprimer les fonds politiques, etc.
Finalement, le 2 janvier 2019, la candidature du leader de Pastef est portée par une coalition de 16 organisations, avec comme slogan de campagne : « L’avenir, c’est maintenant ».
Le jeune leader décline comme suit son ambition, sous forme de profession de foi : « Une République de souveraineté, une République de démocratie participative, la démocratie sociale et solidaire, l’éthique et les valeurs positives du Sénégal et enfin une République qui construit l’unité de l’Afrique ».
commentaires