Quel avenir politique pour l’ex première dame après la levée son mandat d’arrêt ?

Simone Gbagbo, après l’abandon des poursuites de la CPI, pourrait décider d’embrasser une carrière politique.

Avec la levée du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale qui pesait sur elle depuis 2012 pour crimes contre l’humanité, Simone Gbagbo est désormais totalement libre de ses mouvements.

C’est une première depuis la crise post-électorale de 2010-2011 née du refus de son mari Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle contre Alassane Ouattara.

Arrêtée à Abidjan, elle n’avait jamais été livrée à la CPI, mais jugée en Côte d’Ivoire où elle avait écopé de 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, avant d’être finalement amnistiée en 2018 après sept ans de prison.

Alors comment Simone Gbabgo va t-elle profiter de cette nouvelle liberté totale? En Côte d’Ivoire beaucoup lui prédisent, à 72 ans, un avenir en politique.

« La levée du mandat d’arrêt va lui permettre de libérer son énergie pour se consacrer entièrement à la politique », assure l’avocat Pierre Dagbo Gode, proche du Front populaire ivoirien (FPI), le parti des Gbagbo.

Celle qui fut surnommée « la Dame de fer » avait formé un redoutable tandem avec Laurent Gbagbo lorsque celui-ci était au pouvoir de 2000 à 2011.

La levée des poursuites de la CPI est d’ailleurs intimement liée à l’acquittement de Laurent Gbagbo quelques mois plus tôt.

La Cour a en effet estimé dans sa décision rendue publique jeudi que cet acquittement a « mis en évidence le fait que les preuves sur lesquelles étaient fondé le mandat d’arrêt de Simone Gbagbo ne peuvent plus être considérées comme suffisantes ».

  • Légitimité –
    Mais elle peut désormais prendre un autre chemin que Laurent Gbagbo, qui est rentré à Abidjan en juin au bras d’une autre femme, Nady Bamba, sa compagne depuis le début des années 2000, et qui a demandé le divorce avec Simone.

« La scène de l’aéroport est un moment fort. Elle a pris à témoin l’opinion sur l’ingratitude de son mari » pointe Fahiraman Rodrigue Koné, chercheur à l’institut d’études de sécurité (ISS).

« Lorsque Laurent Gbagbo était en prison, on lui aurait reproché de déclarer ouvertement qu’elle le combattait, mais maintenant qu’il l’a publiquement répudiée, cela lui donne une légitimité pour le combattre, aux yeux de la population », ajoute t-il à l’AFP.

Reste à savoir quel positionnement politique va adopter celle qu’on a longtemps considéré comme radicale.

Ses dernières sorties médiatiques semblent plutôt emprunter le chemin de la réconciliation nationale.

Début juillet, elle a notamment remercié Alassane Ouattara pour la libération de son mari et plaidé « pour qu’il continue à poser ces actes forts d’apaisement et de réconciliation ».

« Elle est obligée de changer de registre. Elle veut apparaître comme une figure politique capable d’accéder au pouvoir, sa communication, sa gestuelle montrent qu’elle se voit présidentiable. La réconciliation rentre dans son répertoire pour élargir sa base populaire », explique Fahiraman Rodrigue Koné.

Au-delà du divorce, une bataille s’annonce désormais avec Laurent Gbagbo pour savoir qui deviendra le leader du FPI.

En 1982, elle avait participé à la création de ce parti dont elle est toujours deuxième vice-présidente, tandis que son mari en est le président.

« Elle n’a jamais cessé de faire de la politique. Sa place et son rôle au sein du FPI à nouveau dirigé par Laurent Gbagbo sera un sujet de préoccupation pour elle », estime l’analyste politique Jean Alabro.

« La bataille va se faire en interne, elle considère qu’elle est une héritière légitime de ce parti. Plus que jamais, la décision de la CPI lui ouvre une voie royale vers la lutte politique, à nouveau », conclut M. Koné.

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