Le scandale des dispositifs médicaux, les «Implants Files», révélé ces jours-ci par un consortium international de journalistes d’investigation, a remis les prothèses mammaires sur le devant de la scène. Pour autant, l’affaire n’est pas nouvelle. Elle suscite l’inquiétude depuis de nombreuses années. Pour quelles raisons ?
Il existe un risque de cancer
Depuis 2011, 53 cas de lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC) ont été confirmés en France chez des femmes porteuses d’un implant mammaire. Ces femmes avaient été opérées soit pour des raisons esthétiques, soit dans le cadre d’une chirurgie reconstructrice après un cancer du sein. Les prothèses de la marque Allergan, et plus particulièrement le modèle Biocell, semblent présenter davantage de risque de LAGC que les autres. C’est leur enveloppe, texturée de façon à mieux s’accrocher aux tissus environnants, qui pose question. Le 21 novembre dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) a recommandé aux chirurgiens plastiques de privilégier les enveloppes lisses, en attendant les résultats d’investigations plus poussées. En septembre 2018, le Dr Christian Marinetti, président d’un comité scientifique réuni par l’Ansm sur ce sujet estimait le risque de LAGC très faible : « Le LAGC est une pathologie très rare (600 cas environ répertoriés dans le monde en février dernier sur 40 millions environ de porteuses d’implants », écrivait-il.
Les contrôles ne sont pas toujours fiables
L’affaire des prothèses mammaires PIP qui a éclaté en 2010 a révélé, outre l’escroquerie du dirigeant de l’entreprise, la faiblesse des contrôles de qualité. L’organisme certificateur, TÜV Rheinland, a été mis en cause pour n’avoir pas dénoncé la présence de gel de silicone défectueux. Des procédures sont toujours en cours devant les tribunaux. L’Ansm estime que 30 000 femmes étaient porteuses d’une prothèse PIP. En 2016, 18 667 femmes avaient été explantées, dans 27 % des cas à la suite d’un effet indésirable et dans 73 % des cas de manière préventive (dont 20 % ont révélé un événement indésirable après le retrait de l’implant).
Il faut les changer au bout de dix ans
La durée de vie d’une prothèse mammaire est estimée entre 7 et 10 ans. Dans un rapport publié en 2014, l’Ansm concluait que les femmes n’étaient pas assez averties sur ce point. Seule certitude, ce type d’implant doit être étroitement surveillé une fois par an chez son chirurgien, son gynécologue ou son médecin traitant (examen clinique et radiographie ou IRM au moindre doute). En cas d’anomalie (augmentation de volume du sein, douleur, inflammation, épanchement…), il faut consulter en urgence.
Santé Magazine