Présidentielle au Brésil: un duel Bolsonaro-Haddad pour le second tour

L’extrême droite est au second tour d’une élection présidentielle. Le duel qu’attendent les Brésiliens est inédit : un ancien capitaine de l’armée, au discours misogyne et raciste contre un professeur de sciences politiques, Jair Bolsonaro contre Fernando Haddad. Le candidat du PSL part avec un avantage dans la campagne pour le second tour car à quelques points près, il a frôlé la victoire dès dimanche soir, après le premier tour.
Jair Bolsonaro est sûr et certain : s’il n’y avait pas des problèmes avec des urnes électroniques, il aurait déjà remporté l’élection. Dans une vidéo sur Facebook, il promet de « réclamer des solutions » auprès du Tribunal supérieur électoral. L’ancien militaire aborde toutefois en position de force la campagne du second tour avec 46% des voix, 17 points de plus que son rival du Parti des travailleurs, Fernando Haddad.

Ce dernier s’est montré très serein dimanche soir et a promis de combattre son adversaire sur le terrain des arguments. Il espère pouvoir démasquer le programme inexistant de Jair Bolsonaro lors des débats télévisés dans les trois semaines qui viennent. Mais Fernando Haddad sait aussi qu’il a besoin du soutien des autres candidats du premier tour, à commencer par Ciro Gomez du centre-gauche. « Je veux rassembler tous les démocrates du Brésil », a-t-il lancé à ses sympathisants à Sao Paulo, après avoir mis en garde contre le risque d’une victoire de Jaïr Bolsonaro.

Quelle sera la meilleure stratégie face à cet adversaire imprévisible ? Le candidat du PT pourra prendra quelques conseils auprès de son mentor Lula, auquel il va rendre visite dans les heures qui arrivent dans la prison à Curitiba comme tous les lundis début le début de la campagne.

Alliance pour Haddad ?

C’est d’ailleurs avec un hommage à Lula que Fernando Haddad a commencé son bref discours dimanche. « Nous voulons affronter ce débat d’une manière respectueuse. Nous allons sur le terrain démocratique avec une seule arme, nos arguments. Nous ne portons pas d’armes. Nous croyons en la force de nos arguments pour défendre le Brésil et son peuple », a lâché le candidat à la présidentielle.

Les militants comme Monica Valente affichent eux aussi un certain optimisme malgré tout. « Si vous prenez en compte que Fernando Haddad a commencé sa campagne le 11 septembre, donc il y a 24 jours à peu près, alors que tous les autres étaient déjà en pleine campagne depuis longtemps, il a accompli un acte héroïque. Nous sommes au second tour et les perspectives sont bonnes ».

A condition toutefois de créer une vaste alliance contre le candidat d’extrême droite, estime Leonardo Martins. « Ça va être difficile mais j’ai l’espoir que les forces qui défendent la démocratie comprennent la nécessité de se rassembler et de construire un mur démocratique pour tenir à l’écart la menace que Bolsonaro représente pour le Brésil et pour l’Amérique Latine », confie, le sympathisant.

Interrogés sur la meilleure stratégie à adopter, les militants sont restés prudents. Certains admettent toutefois que le risque est grand de voir Jaîr Bolsonaro arriver au pouvoir dans trois semaines.

« Notre capitaine est revenu… »

Avec son discours haineux et ses promesses d’armer la population pour lutter contre le crime organisé, Jair Bolsonaro est parvenu à séduire les Brésiliens. Dimanche soir, ses militants se sont rassemblés devant sa maison, dans le quartier de Barra da Tijuca, dans la zone sud de Rio de Janeiro. « Notre capitaine est revenu », ont chanté les militants de Jair Bolsonaro, persuadés que son passé militaire lui donnera les clés pour résoudre les maux du Brésil.

Avant ces élections, Valeria La Martini ne s’était jamais vraiment intéressée à la politique, mais aujourd’hui, elle vient appuyer Jair Bolsonaro en famille. « C’est un candidat honnête, et ça qui fait descendre tout le monde dans la rue. Vous entendez, ces personnes qui crient : « je suis venu gratuitement » ? Personne n’est payé pour être ici. »

La plupart des personnes présentes habitent le quartier. Elles sont venus avec leur maillots de foot et drapeau du Brésil, devenu symbole du candidat d’extrême droite. Les yeux rivés sur son portable, Bianca Santos vérifie les résultats plusieurs fois avant d’y croire. « Non, je ne suis pas très heureuse, parce que j’aurais préféré qu’il gagne au premier tour. Mais bon, il gagnera au second tour, j’ai confiance. J’ai voté Bolsonaro seulement parce que je suis contre le PT. Je suis contre ce gouvernement qui a laissé notre pays au fond du trou. »

Jair Bolsonaro n’a finalement pas fait de discours devant ses militants ni devant la presse. Il a préféré garder la même méthode, qui fonctionne très bien jusqu’ici : communiquer par les réseaux sociaux, en s’exprimant par des tweets et vidéos.
RFI

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