Le président de la République est annoncé en Casamance pour visite économique avec une série de mesures : poses de la première pierre, lancements des programmes et de travaux. Voilà en théorie, ce qui justifie sa visite.
Dès lors, il faut se poser la question de savoir la pertinence d’une telle visite dite économique à quelques mois de la présidentielle. Si l’on sait que tout ce que le président avait promis de faire dans la verte région est encore à l’étape de simple effet d’annonce.
Nous avons en souvenance les 600 millions promis au Réseau des Femmes pour l’Emergence dans chaque département, les centaines de milliards des conseils de ministre décentralisés, le train Dakar-Ziguinchor, l’Agropole d’Adéane, Le PPDC qui n’est visible qu’à travers ses locaux, L’ISEP de Bignona toujours en chantier, la paix tant chantée avec ses morts, disparitions et enlèvements, l’emploi des jeunes et j’en passe.
Que le président veuille aujourd’hui nous faire croire que sa visite est économique, c’est vouloir nous prendre pour des demeurés. Ce que nous sommes loin d’être !
Sa visite sera ponctuée encore de promesses, de lancement de travaux qu’il n’aura même pas le temps de démarrer, de la vadrouille gouvernementale, des rencontres purement politiciennes, des débauchages comme il sait le faire depuis qu’il est au pouvoir. Et au finish, peu de choses changera en Casamance !
Le temps de sa visite, quelques hôtels et restaurants verront leurs chiffres d’affaire grimper, les artères principales seront nettoyées et éclairées, certains caniveaux seront curés, des jeunes et femmes inconscients seront habillés pour l’accueillir et l’applaudir, les projecteurs se braqueront sur la Casamance qu’il veut nous faire voir, certains hommes de médias bénéficieront d’enveloppes d’argent et ses thuriféraires occuperont les plateaux de télé pour s’en enorgueillir.
C’est du vrai TOURISME PRESIDENTIEL auquel se livre notre président avec l’argent du contribuable. Pendant ce temps, les hôpitaux, la justice et l’école sont en grève. Sans parler des abris provisoires qui font perdre deux à trois mois de l’année scolaire aux apprenants dans cette région pluvieuse.
Or, cet argent utilisé par lui, comme touriste de luxe, pourrait servir à abréger la souffrance des Casamançais qui sont éternellement fatigués. Mais, il faut comprendre que cette catégorie de Casamançais, qui se laissent à chaque fois bernés, ne sont pas à plaindre. Ils sont complices car personne ne les force à l’indignité. Il revient ceux-là d’être exigeants et de cesser de vendre leur dignité avec des tissus, T-shirts, quelques billets de banque et sandwichs. Sans cela, le changement que nous désirons voir sur place ne se réalisera point.
Le tourisme présidentiel s’annonce avec tambours et trompettes et chacun est dans ses petits calculs pour obtenir quelque chose. Mais, après ce tourisme présidentiel, chacun fera face à la dure réalité à la Casamançaise.
Soumaila MANGA, coordonnateur du Mouvement JUSCA « Justice sociale pour la Casamance »
Membre fondateur « Debout pour la Patrie-DLP » et « Ziguinchor JOGNA »