À 28 ans, le styliste franco-algérien se dessine une carrière haute-couture. Après avoir participé à la version arabe de l’émission Fashion Star et à la deuxième Fashion Week d’Alger, il habille désormais de grands noms du monde arabe. Rencontre.
C’est dans l’intime et chic salon de thé Laouz, niché au 136 rue Saint-Honoré à Paris, qu’il nous a donné rendez-vous. Autour d’un verre de thé et de quelques makrouts (gâteaux algériens) au chocolat, le jeune Eddine Belmahdi nous reçoit avec le sourire, dans un cadre tant chaleureux que raffiné. Une ambiance orientale moderne à l’image du styliste et de ses créations. « Ici, c’est chez moi », lance le jeune homme. C’est dans ce même salon de thé que le fashion designer accueille et habille ses clientes, principalement des Parisiennes d’origine maghrébine.
Fier de ses origines
Quand on lui demande comment il a débuté, il nous répond que la mode a toujours fait partie de lui. Tombé tout petit dans la « fashion marmite », ce fils aîné d’un père algérien de la ville de Chlef et d’une mère franco-italienne, est fier de ses origines. « Enfant, j’avais un rituel. C’était de regarder les défilés de mode à la télévision avec ma maman. Je lui disais qu’un jour, moi aussi je deviendrai styliste. »
Suite à la séparation de ses parents, Eddine a voulu en savoir plus sur ses racines. « Je me suis rapproché de la culture de mon père mais aussi de ce qui se faisait du côté du Moyen-Orient. Ma tante faisait de la couture et j’ai grandi entre les perles et les strass. »
Après des études d’art, il y a deux ans, Eddine fait ses premiers pas comme couturier en collaborant avec une negafa (habilleuse traditionnelle maghrébine) installée à Lyon. « Je l’ai surtout aidé à développer sa clientèle locale. C’est là que tout à commencé. J’ai décidé de voler de mes propres ailes et de rejoindre Paris. »
Entre Paris et Alger
En 2015, Eddine lance sa première collection capsule qu’il nomme Deeja en hommage à sa grand-mère Khadija. Soie, velours, broderie, des matières nobles que l’artiste n’hésite pas à mélanger pour des créations mixtes et très personnelles. « Je ne fais pas dans le traditionnel pur. J’aime mélanger les styles et adapter les créations à la femme d’aujourd’hui. »
Il puise donc son inspiration directement auprès des femmes modernes, qu’elles soient parisiennes ou algéroises. Et c’est à Alger que la carrière de Eddine a pris un nouveau virage. « De plus en plus de stars du monde arabe ont commencé à porter mes robes. Je pense à l’actrice franco-marocaine, Sara Tekaya, lors du Festival international du film de Marrakech en décembre 2015. Mais aussi les chanteuses Natasha Sabeh et Nisreen Tafesh. Les clichés des artistes en tenues signées Eddine Belmahdi ont fait le tour du monde. « Suite à cela, j’ai été contacté pour participer à la deuxième édition de la Fashion Week d’Alger. »
Une opportunité rêvée pour le styliste qui a pu y présenter sa deuxième collection appelée Meriem. « Je ne m’attendais pas à un tel professionnalisme. Au total, nous étions huit stylistes à participer à l’aventure. Il y a un véritable potentiel en matière de haute-couture en Algérie. Les mentalités commencent à changer et la mode à s’affirmer. Le seul problème, c’est que contrairement à la Fashion Week de Paris, il n’y a pas vraiment d’acheteurs potentiels auprès du public algérien. »
Demi-finaliste à Fashion Star Arabic
En mai dernier, Eddine est arrivé demi-finaliste à l’émission Fashion Star Arabic tournée à Dubai et présentée par l’actrice tunisienne Leila Benkhalifa. Un show destiné à révéler les talents en herbe. « C’était incroyable. J’ai eu l’occasion de rencontrer la styliste libanaise Reem Acra, membre du jury de Fashion Star Arabic. Pour moi, elle fait partie des meilleurs avec Elie Saab et Zuhair Murad. »
Désormais, Eddine veut aller encore plus loin. Lancer sa propre gamme de prêt-à-porter de luxe entre la France et l’Algérie et un jour, faire défiler ses mannequins à la Fashion Week parisienne. « Ma plus grande réussite serait d’ouvrir ma propre boutique haute-couture, rue Saint-Honoré et de devenir le Elie Saab algérien. »
Le créateur autodidacte travaille déjà avec des ateliers de couture basés au Moyen-Orient. « J’espère vraiment collaborer avec de nouvelles personnalités du Maghreb. Ce n’est pas toujours facile de les attirer dans ce milieu », conclut-il.