Les prix du pétrole ont atteint cette semaine leur plus haut niveau depuis quatre ans, et ils restent perchés à plus de 81 dollars. L’Opep n’a pas accepté dimanche dernier d’augmenter sa production, pour compenser la baisse annoncée des exportations iraniennes. Le président Donald Trump, qui voit le prix de l’essence augmenter, en fait le reproche au cartel. Mais peut-on vraiment produire plus ?
Ouvrir grand les vannes pour calmer les prix du pétrole ? C’est théoriquement possible. Mais aujourd’hui que l’Opep est privé d’une grande partie de la production vénézuélienne, libyenne, nigériane, angolaise, et bientôt iranienne, pour des raisons différentes.
Il n’y a guère que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Irak et, hors de l’Opep, la Russie pour fournir des barils supplémentaires. En attendant que le Kazakhstan, le Brésil ou le Canada mettent de nouveaux gisements en production dans les mois qui viennent, et que les Etats-Unis règlent leurs problèmes de logistique pour exporter davantage leur propre pétrole.
2 à 3% de capacités additionnelles
Chacun des grands producteurs a ce qu’on appelle des capacités additionnelles de production, des capacités non utilisées. Sur le papier on aurait selon l’expert Pierre Terzian environ 2,5 à 3 millions de barils jours, c’est à dire 2 à 3% de la demande mondiale de pétrole, c’est très très peu. Le spécialiste rappelle également que beaucoup de pays n’ont pas testé cette capacité maximale et qu’ils ont peur d’avoir des problèmes techniques. « En décembre 1976, raconte-t-il, l’Arabie saoudite avait poussé sa capacité de production au maximum et les infrastructures n’avaient pas résisté. Depuis les Saoudiens n’ont jamais testé les 12,5 millions de barils par jour qu’ils affichent en théorie. »
Ils sont montés à 10,7 millions de barils par jour en novembre 2016, leur record. En ce moment ils en exportent 10,4 millions. Ils ont donc une petite marge. Mais pas forcément la volonté de la mettre sur le marché, l’Arabie saoudite l’a dit, le baril à 80 dollars lui convient.
Recours aux réserves stratégiques ?
Quant aux réserves stratégiques, dans lesquels Donald Trump dit vouloir pomper, c’est normalement le dernier recours, en cas d’urgence. La France a utilisé ses réserves stratégiques pendant les grandes grèves dans les raffineries. Avant cela, l’Europe et le Japon avaient envoyé une partie de leurs réserves stratégiques de carburants aux Etats-Unis après l’ouragan Katrina.
C’est forcément limité dans le temps. On peut davantage voir cette proposition du président américain comme un signal aux électeurs : « Je ferai tout pour faire baisser le prix de l’essence ». Même si il a lui-même provoqué l’envolée des prix du baril en réinstaurant des sanctions contre le pétrole iranien.