Les cas de nouveau coronavirus se multiplient ces derniers jours au Pakistan mais l’Etat refuse de confiner ses villes, parce que c’est impossible. Au sud, une zone de quarantaine défaillante pourrait avoir favorisé la pandémie.
« La situation n’est pas la même que celle des Etats-Unis ou de l’Europe », a lancé mardi soir le Premier ministre Imran Khan lors d’une allocution télévisée. Si des pays comme l’Italie, l’Espagne et la France ont ordonné à leurs citoyens de rester chez eux pour limiter la propagation de la maladie, un quart des Pakistanais vivent « dans une pauvreté extrême », a-t-il affirmé. « Si nous confinons les villes, (…) nous sauverons (ses habitants) du coronavirus d’un côté, mais ils mourront de faim de l’autre », a déclaré le chef du gouvernement, ajoutant qu’une telle mesure avait été envisagée, puis rejetée.
Un système de santé à la peine
Alors que les politiques de « distanciation sociale », c’est-à-dire isoler les gens les uns des autres, apparaissent comme les seules efficaces pour endiguer la progression de la pandémie, le Pakistan (207 millions d’habitants au dernier recensement de 2017), a fermé stades et établissements scolaires.
Mais la crainte d’une contamination massive est grande dans un pays frontalier de la Chine,qui a vu naître le Covid-19 , et de l’Iran , qui faisait état mardi de 988 morts et plus de 16.000 malades. D’autant que le système de santé pakistanais est défaillant, après des décennies de sous-investissement. La culture de la poignée de mains et de l’accolade et un fort taux d’illettrisme risquent en outre de favoriser la pandémie.
Le discours d’Imran Khan intervient alors que le nombre de malades du nouveau coronavirus a été quasiment multiplié par huit en quatre jours, pour passer à 241, dont 172 dans le Sindh (Sud), a indiqué mercredi le ministère de la Santé.
Une quarantaine défaillante à la frontière
« Nous ne pouvons nous laver qu’une fois tous les trois jours environ » par manque d’installations sanitaires, a affirmé mardi à l’AFP Muhammad Sadatullah, qui rentrait d’un pèlerinage en Iran quand il a été conduit à cette quarantaine située au poste-frontière de Taftan.
« Je porte le même masque depuis plus de sept jours maintenant », a dénoncé un autre pensionnaire requérant l’anonymat. « Ils ont vérifié notre température une seule fois. Il n’y a aucun suivi, aucun médecin ». « Si je n’avais pas le virus quand je suis arrivé ici, je ne serai pas surpris de découvrir que je l’ai maintenant », a-t-il soupiré.
Plusieurs habitants interrogés par l’AFP ont fait état de manifestations lundi à Taftan pour demander de meilleures conditions de séjour. Certains ont fui, malgré des coups de feu de sommation des forces de sécurité, ont-ils indiqué. « Il est grand temps de fermer (hermétiquement) Taftan pour les prochaines semaines, sinon il sera trop tard », a tweeté Arsalan Taj, un parlementaire du Sindh.