Le Nicaragua est en crise depuis plus de sept mois. Une grande partie de la population réclame le départ du président Daniel Ortega et de sa femme et vice-présidente Rosario Murillo. La crise a fait plus de 320 morts et plus de 40 000 personnes ont fui le pays. Mais Daniel Ortega reste sourd aux demandes d’élections anticipées. Arrivé au pouvoir en révolutionnaire il y a près de quarante ans, le président semble de plus en plus isolé dans son combat pour rester pouvoir.
Comme chaque jour depuis un mois, des dizaines de personnes passent la journée sur les ronds-points de Managua, agitant les drapeaux noir et rouge du parti au pouvoir en musique : « Le peuple est avec Daniel, le commandant reste au pouvoir, malgré les putschistes », dit la chanson.
Daniel Ortega au pouvoir depuis 38 ans
Daniel Ortega est arrivé au pouvoir en héros en 1979, quand les révolutionnaires sandinistes ont renversé la dictature. Pour Lydia Morales, la contestation n’a qu’un seul but : rompre le calme et l’ordre qui caractérisaient le Nicaragua d’avant la crise. « Nous sommes ici pour défendre les acquis de la révolution ! Avant la crise d’avril, l’économie était en croissance, il y avait du tourisme, de la tranquillité, le narcotrafic était maîtrisé » explique Lydia Morales.
Mais derrière ce calme apparent, les choses se sont dégradées. Luis Carrion est un ancien commandant sandiniste. Il a bien connu Daniel Ortega avant de passer dans l’opposition il y a 25 ans. « Daniel Ortega s’est approprié le sandinisme. Dans le discours, les symboles, les morts… Durant cette crise, une grande partie des sandinistes historiques a rejoint l’opposition. Désormais, son seul objectif est de contrôler le territoire, qui est sa source de revenus et celle de sa famille. Car il faut être clair, on ne parle pas d’un parti, ici. Lui et sa femme sont ceux qui prennent toutes les décisions. »
Le régime tient malgré les manifestations
Sa femme et vice-présidente Rosario Murillo joue un rôle clé dans son maintien au pouvoir. Elle est chargée de toute la communication du régime. En août, elle a comparé les manifestants à des vampires et affirmé que les plus de 300 morts recensés par plusieurs organisations internationales n’avaient jamais existé. « Elle a créé un vrai culte autour d’elle et d’Ortega. Oh, elle est douée, il ne faut pas la sous-estimer. Mais c’est elle qui a géré la situation au début de la crise et elle n’a fait que mettre de l’huile sur le feu. Ça a créé beaucoup d’indignation. » ajoute Luis Carrion.
Malgré un régime de plus en plus autocratique et des manifestations réprimées à coup de bâton ces dernières années, l’ampleur de la répression a surpris beaucoup de monde. Erasmo est étudiant et très engagé dans la contestation : « ça nous a surpris. Jamais on n’aurait pensé que ce couple irait jusqu’à réprimer son peuple de cette manière. Et tout ça pour rester au pouvoir ! Je pense que ça aurait pu être évité. Tous ces morts… »
Sept mois, plus de 300 morts et 500 dissidents emprisonnés plus tard, le régime ne semble pas prêt à faire marche arrière.
RFI