Prenant le contre-pied du président élu Donald Trump, Rex Tillerson et James Mattis ont décoché des flèches assassines contre le président russe Vladimir Poutine.
Fermeté avec la Russie et la Chine, respect de l’accord sur le nucléaire iranien, quête d’une solution au conflit israélo-palestinien: le secrétaire d’État et le chef du Pentagone choisis par Donald Trump ont dessiné les contours de la prochaine politique étrangère américaine.
Mais sur les dossiers stratégiques, en particulier le rapprochement avec la Russie prôné par le président élu des États-Unis, l’ex-PDG d’ExxonMobil Rex Tillerson, qui brigue la tête de la diplomatie américaine, et l’ancien général des Marines James Mattis, qui ambitionne de diriger la Défense, ont contredit le milliardaire lors de leurs auditions de confirmation mercredi et jeudi devant le Sénat.
Poutine, un ‘danger’ qui ‘cherche à casser l’Otan’
Prenant le contre-pied de Donald Trump, Rex Tillerson et James Mattis ont décoché des flèches assassines contre le président russe Vladimir Poutine. Le général Mattis s’est montré particulièrement ferme, dans le but peut-être de rassurer des sénateurs républicains inquiets d’une complaisance du prochain locataire de la Maison Blanche envers le chef du Kremlin. Il a ainsi accusé le président russe de « chercher à casser l’Alliance atlantique », Rex Tillerson ayant aussi reconnu que « nos alliés de l’Otan avaient raison de s’alarmer de la résurgence de la Russie ».
Le secrétaire d’État désigné a même jugé que Moscou « représentait un danger » pour l’Europe et les intérêts américains. Aux yeux de l’éventuel futur patron du Pentagone, la Russie « a choisi d’être un rival stratégique des États-Unis ».
Des propos belliqueux qui tranchent avec ceux conciliants du prochain président des États-Unis, qui n’a cessé de louer « l’intelligence » du chef de l’État russe et qui a encore jugé mercredi que si M. Poutine l’appréciait, c’était un « atout » pour le réchauffement des relations Washington-Moscou.
Adversaires de la Guerre froide, les États-Unis et la Russie traversent depuis 2012 une zone de fortes turbulences, en raison des conflits en Ukraine et en Syrie.
Fermeté avec Pékin sur la mer de Chine
Les deux ministres pressentis au département d’État et à la Défense se sont montrés tout aussi durs, voire menaçants, avec la Chine, rivale de l’Amérique en Asie-Pacifique, une région érigée en priorité diplomatique et économique par l’administration de Barack Obama.
Les États-Unis enverront un « signal clair » à Pékin pour lui interdire « l’accès » aux îles disputées de mer de Chine méridionale où la seconde puissance mondiale multiplie les constructions d’infrastructures, a menacé M. Tillerson. Il a comparé la militarisation de ces îlots, ce que l’administration Obama dénonce depuis des lustres, à « la prise de la Crimée par la Russie ».
Le général Mattis a été encore plus alarmiste: il a accusé la Chine de « détruire la confiance » avec ses voisins asiatiques et averti que Pékin pouvait « agir contre les intérêts » des États-Unis.
La ‘parole’ de l’Amérique sur l’accord sur le nucléaire iranien
L’accord international de juillet 2015 sur le contrôle du programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions est le succès diplomatique de Barack Obama. Même si son successeur Donald Trump a mis depuis de l’eau dans son vin, il avait promis de « déchirer » ce « très mauvais » texte.
Le général Mattis, réputé être farouchement hostile à l’Iran, a souligné que l’accord était certes « imparfait » mais que « quand l’Amérique donne sa parole, nous devons la respecter et travailler avec nos alliés ». Il demandera toutefois au Congrès de surveiller une éventuelle triche de Téhéran.
‘Tel-Aviv, capitale d’Israël’
Là encore, M. Mattis a semblé prendre ses distances avec M. Trump qui avait annoncé qu’il déplacerait l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem et qu’il reconnaîtrait ainsi de facto la Ville Sainte comme capitale de l’État juif. « Quelle est la capitale d’Israël? », a demandé un sénateur au général Mattis. « La capitale d’Israël où je me rends est Tel-Aviv », a-t-il répondu. Il a aussi admis qu’il n’y avait pas d' »autre » voie de sortie du conflit israélo-palestinien que la solution à deux États.
Rex Tillerson a toutefois critiqué la résolution du Conseil de sécurité de l’Onu du 23 décembre condamnant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. Un texte adopté grâce à l’abstention des États-Unis.
Prolifération nucléaire et climat
L’éventuel secrétaire d’État du président Trump a fait aussi entendre sa différence en assurant que les États-Unis continueraient d’œuvrer à la non-prolifération nucléaire et à la réduction des arsenaux dans le monde et qu’ils resteraient impliqués contre le réchauffement climatique.