Les ponts sont coupés entre Ryad et Téhéran. L’Iran a annoncé dimanche qu’il n’enverrait pas cette année de fidèles au grand pèlerinage de La Mecque en Arabie saoudite, pour protéger ses ressortissants un an après la gigantesque bousculade qui avait fait 2 300 morts, dont 464 Iraniens.
60 000 ressortissants iraniens se rendent chaque année à la Mecque.
Ce sera la seconde fois en près de 30 ans que les Iraniens n’iront pas en Arabie saoudite pour le hajj, l’un des cinq piliers de l’islam que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens, pour réaliser le rite de la lapidation.
Les deux grands rivaux régionaux, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis janvier, menaient depuis plusieurs mois des discussions difficiles pour fixer les conditions de l’organisation du grand pèlerinage prévu cette année en septembre. L’Iran reproche aux Saoudiens de ne pas avoir répondu à ses demandes concernant « la sécurité et le respect des pèlerins iraniens ». Et rejette sur Ryad la responsabilité de l’échec de deux séries de négociations.
Réagissant aux accusations iraniennes, le ministre saoudien des Affaires étrangères a affirmé dimanche que Téhéran avait posé des conditions « inacceptables ». « L’Iran a réclamé le droit d’organiser des manifestations, ainsi que des avantages (…) qui créeront le chaos au hajj », s’est emporté Adel al-Jubeir lors d’une conférence de presse. « Le hajj ne peut pas être politisé », a-t-il estimé, ajoutant que Téhéran avait notamment obtenu que des visas électroniques soient émis pour les Iraniens, que la moitié des pèlerins soient transportés par la compagnie nationale iranienne.
Le ministre saoudien faisait allusion aux manifestations dites de « l’aversion des athées », émaillées de slogans hostiles aux États-Unis et à Israël, que les fidèles iraniens tentent chaque année d’organiser lors du pèlerinage en Arabie saoudite. En 1987, une manifestation de ce type avait dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité saoudiennes, faisant 402 morts, dont 275 Iraniens. Les deux pays avaient rompu leurs relations dans la foulée, rétablies quatre ans plus tard, en 1991. La nouvelle rupture en 2016, à l’initiative de l’Arabie, a été motivée par le saccage des missions diplomatiques saoudiennes, dont l’ambassade à Téhéran, par des manifestants iraniens qui protestaient contre l’exécution par Ryad d’un opposant et dignitaire religieux chiite saoudien.
Source: APS