Depuis 2016 et une alliance inédite avec l’Arabie saoudite, la Russie est devenue un acteur incontournable du secteur. Avec un baril de brut qui oscille entre 70 et 80 dollars, les groupes pétroliers russes se frottent les mains. Et la position de Moscou sur le marché de l’or noir pourrait encore être renforcée par les sanctions américaines contre l’Iran.
Plus de 11 millions de barils par jour au cours des deux derniers mois : c’est le chiffre impressionnant de la production de pétrole en Russie. Jamais depuis la fin de l’URSS, les groupes pétroliers russes n’avaient avancé de tels résultats, et avec un baril de brut qui a atteint la barre des 80 dollars au troisième trimestre, c’est évidemment une très bonne nouvelle pour l’économie russe. Mais au-delà de l’impact économique, il y a la dimension géopolitique : en 2016, Moscou a conclu un accord inédit avec l’Arabie saoudite pour faire remonter les cours du brut, qui étaient alors descendus en dessous des 40 dollars.
L’accord avait fonctionné pleinement et avait démontré que sans la Russie, l’Arabie saoudite et les pays de l’Opep n’étaient plus en mesure de peser à eux seuls sur les cours du pétrole. Et cette alliance entre Riyad et Moscou continue de fonctionner : selon l’agence Reuters, les deux producteurs de pétrole se sont entendus il y a quelques semaines pour augmenter leur production : à l’approche des sanctions américaines contre l’Iran, il s’agissait cette fois d’éviter une envolée des cours. Là encore, Moscou est considéré comme un partenaire incontournable sur le marché du pétrole.
Double bénéfice
Pour la Russie, se retrouver dans une position d’arbitre sur le marché du pétrole ne présente que des avantages. Au-delà des bénéfices économiques, Moscou se voit en effet conforté dans ses ambitions géostratégiques au Moyen-Orient. En devenant un partenaire important aux yeux de l’Arabie saoudite, la Russie devient en effet la seule puissance au monde être en bons termes avec tous les acteurs majeurs de la région : avec l’Arabie saoudite donc, mais aussi avec l’Iran, la Turquie et même avec Israël.
Et avec la mise en place des sanctions américaines contre l’Iran, Moscou va gagner sur tous les tableaux. La Russie peut en effet aider l’Iran à écouler son brut. Mais surtout en tant que producteur, elle jouera un rôle crucial pour empêcher une envolée des cours – ce dont l’Arabie saoudite, allié des États-Unis, lui sera forcément redevable.
Seule ombre à ce tableau presque idyllique : la hausse des cours du brut a entraîné une hausse des prix du carburant sur le marché intérieur russe, ce qui a suscité en ricochet la colère d’une partie de la population, habituée à une essence bon marché. Pour forcer les groupes pétroliers russes à contenir cette hausse, le Kremlin les a menacés d’accroître les taxes à l’exportation. Il semble que la menace ait porté ses fruits : la semaine dernière, les principaux producteurs de pétrole russe se sont engagés à geler les prix de l’essence jusqu’au premier trimestre 2019.
RFI