L’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, sort de son silence dans «Le Monde», ce jeudi.

Après avoir révélé les violences qu’il avait commises le 1er mai, «Le Monde» publie ce jeudi la première interview d’Alexandre Benalla, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron. Celui qui était chargé de mission à l’Élysée dit avoir «le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise» et «d’avoir commis une faute». Le jeune homme revient sur son parcours, notamment au Parti socialiste, rappelant qu’il a fait la campagne de François Hollande en 2012. Il évoque également les conditions de son recrutement par la présidence : «Un contrat sur toute la durée du mandat, donc cinq ans, rémunéré 6000 euros net, c’est le salaire de tous les chargés de mission.» Il indique que son appartement de fonction, dont il a obtenu les clés «le 8 ou 9 juillet», était d’une surface de 80 mètres carrés, «pas 300».

Il confirme également qu’il était très présent aux côtés d’Emmanuel Macron. «Je suis toujours présent, avec le groupement de sécurité de la présidence de la République (GSPR) et le service privé du président.»

L’ex-collaborateur, licencié la semaine dernière, livre au «Monde» des confidences révélatrices sur le fonctionnement de la présidence. «Tout à l’Élysée est basé sur ce que l’on peut vous prêter en termes de proximité avec le chef de l’État. Est-ce qu’il vous a fait un sourire, appelé par votre prénom, etc. C’est un phénomène de cour», souligne Alexandre Benalla. Il reconnaît également «des frictions» avec les policiers du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR).

« Je ne m’occupe pas des bagages des joueurs! »

S’exprimant sans détour, Alexandre Benalla affirme avoir demandé une carte lui donnant accès l’Assemblée nationale «tout simplement parce que j’aime aller à la salle de sport de l’Assemblée». «C’est peut-être un caprice de ma part, je l’admets», ajoute-t-il auprès de nos confrères. Il accuse les syndicats de police, qui «ne disent que des conneries» et «sont très affaiblis au sein de la police nationale». Il précise son rôle lors de l’hommage rendu à l’équipe de France de football, assurant qu’il n’a «pas donné l’ordre d’accélérer le rythme du bus» et qu’il «ne s’occupe pas des bagages des joueurs».

Alors qu’Emmanuel Macron a laissé entendre mercredi que les révélations ont été publiées pour lui nuire, Alexandre Benalla estime qu’«il y avait en premier une volonté d’atteindre le président de la République». «Les gens qui ont sorti cette information sont d’un niveau important», affirme-t-il. Il désigne même l’entourage de Gérard Collomb -mais pas le ministre lui-même.

Il s’explique également sur l’équipement policier qu’il arborait le 1er mai. «L’officier de liaison de l’Élysée vient deux jours avant la manifestation avec un sac qu’il me remet, avec un casque, un ceinturon en cuir, un masque à gaz, un brassard police et une cote bleue marquée police et un grade de capitaine dessus. L’équipement reste dans mon bureau. Puis, j’ai un kit oreillette et le porte radio. On me procure ensuite des rangers et une radio. Je n’y connais rien, déjà je suis surpris», décrit-il dans «Le Monde». Alexandre Benalla raconte ensuite avoir mis le brassard police alors qu’il était aux côtés des policiers face au black bloc. «Les CRS arrivent. Un policier me dit “t’as un brassard, ils savent pas si t’es un collègue”, je le mets, j’ai une radio dans la main», dit-il.

Sur les faits survenus place de la Contrescarpe, il affirme que les deux personnes apparaissant sur les images avaient violemment agressé les forces de l’ordre. «Ils avaient insulté avant, on les avait repérés, c’était les plus agités de la bande, la fille essaie de saisir une table, elle n’y arrive pas, elle jette une chaise, son copain, se met au milieu de la place, il jette une bouteille qui arrive sur la tête d’un CRS, elle reprend des bouteilles, ça arrive sur l’épaule d’un CRS, elle fait des bras d’honneur… On les voit sur la vidéo, elle est hystérique et lui aussi», indique Alexandre Benalla. Il justifie de manière étonnante le geste qu’il a eu envers le jeune homme : «C’est exactement le même geste que j’ai fait à Emmanuel Macron quand il a pris un œuf au Salon de l’agriculture : il n’a pas déposé plainte pour violence et il n’a pas eu mal au cou plus que ça le lendemain!»

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