En Australie, plus de 4000 institutions ont été mises en cause par des personnes disant avoir été victimes d’actes de pédophilie couverts par l’Église, des orphelinats, ou encore des écoles sans que les soupçons ne débouchent sur des enquêtes.
Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a présenté des excuses nationales aux victimes de pédophilie, lundi 22 octobre, en reconnaissant devant le Parlement que l’État n’avait pas été à la hauteur face à des « crimes maléfiques ».
« Ils ont été commis contre des Australiens par des Australiens, par des ennemis présents au milieu de nous », a dénoncé le Premier ministre dans un discours retransmis en direct par la télévision, avant d’évoquer les victimes.
« En tant que Nation, nous avons manqué à nos obligations à leur égard, nous les avons délaissées, et cela nous couvrira à jamais de honte », a-t-il ajouté, visiblement très ému en évoquant les violences sexuelles commises au sein d’institutions religieuses mais aussi étatiques.
Après une décennie de révélations, le gouvernement avait finalement cédé en 2012 aux pressions et créé une Commission d’enquête royale sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie en Australie.
Cette Commission a rendu fin 2017 un rapport accablant. Elle avait été contactée par plus de 15 000 personnes disant avoir été victimes d’actes de pédophilie couverts par l’Église, des orphelinats, des clubs de sport, des écoles ou des organisations de jeunesse pendant de longues décennies, sans que les soupçons ne débouchent sur des enquêtes.
« Pardon ! »
Plus de 4 000 institutions avaient été mises en cause, dont de nombreuses entités catholiques. Dans son rapport, la commission d’enquête royale avait affirmé notamment que 7 % des religieux catholiques australiens avaient fait l’objet d’accusations d’abus sexuels sur des enfants entre 1950 et 2010 sans que les soupçons ne débouchent sur des investigations.
« Aujourd’hui, nous disons ‘pardon’ aux enfants vis-à-vis desquels nous avons manqué à nos obligations. Pardon ! Aux parents dont nous avons trahi la confiance et qui ont lutté pour recoller les morceaux. Pardon ! Aux lanceurs d’alerte que nous n’avons pas écoutés. Pardon ! », a poursuivi le Premier ministre, la voix parfois tremblante.
Le gouvernement australien avait déjà par le passé présenté des excuses officielles, notamment aux Aborigènes ou encore à des dizaines de milliers de mères, souvent célibataires, qui furent contraintes entre 1951 et 1975 à abandonner leur bébé, ensuite placé en adoption.
Pour certaines victimes, cet acte de contrition reste cependant insuffisant de la part d’un gouvernement qui devrait selon eux mettre fin aux subventions des institutions coupables, accélérer les procédures pénales relatives à ces crimes, ou encore ouvrir une enquête sur les actes au sein de l’armée.
France 24