La condamnation d’Ibrahima Ndoye au sursis, qui lui a permis d’humer l’air de la liberté, semble épouser les contours d’un verdict d’apaisement. Cette décision du Tribunal de grande instance (Tgi) de Tamba vise notamment à apaiser les tensions politiques nées de l’arrestation jugée sélective d’éléments de la garde rapprochée d’Elhadji Issa Sall, laquelle continue de provoquer l’ire des «Puristes».
Déclaré coupable d’avoir mortellement heurté Cheikh Touré alias Mathieu, lors des incidents de Tambacounda, Ibrahima Ndoye a été condamné, avant-hier, à 6 mois avec sursis. Et 50 mille francs d’amender à verser au Trésor public. Ainsi en a décidé le Tribunal de grande instance (Tgi) de Ziguinchor, statuant en matière de flagrants délits. Une décision de justice qui découle des malheureux incidents du 11 février dernier, dans le cadre des violences politiques de la campagne électorale, en vue de l’élection présidentielle du 24 février dernier qui a consacré la victoire du candidat Macky Sall avec 58,26 %. Ce verdict a surpris plus d’un. Comment comprendre une telle condamnation aussi douce qui permet au prévenu de recouvrer la liberté, alors qu’il y a eu mort d’homme?
Mieux, le Code pénal prévoit une fourchette de peine comprise entre 6 mois et 5 ans ferme pour le délit d’«homicide involontaire», qualification juridique des accidents de la circulation. Selon l’article 307 du Code pénal, «quiconque, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, aura commis involontairement un homicide ou des blessures, ou en aura été involontairement la cause, sera puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20 000 à 300 000 francs». Et en cas de «délit de fuite», les peines seront doublées et ne pourront être assorties du bénéfice du sursis. Cet alinéa ne s’applique pas dans le cas l’espèce puisque le juge a extirpé ce délit de la liste des chefs de prévention.
A l’analyse, cette décision semble découler d’une volonté de décrispation de l’espace politique. Autrement dit, ce verdict d’apaisement qui semble épouser les contours d’une pacification du champ politique entre en droite ligne avec l’appel au dialogue lancé par le chef de l’Etat, au lendemain de sa réélection. Si le sort d’Ibrahima Ndoye est ainsi scellé, tel n’est pas encore le cas pour ses camarades d’infortune restés derrière les barreaux et dont le dossier est toujours en examen. Il s’agit des 14 éléments de la garde rapprochée du Parti pour l’unité et le rassemblement (Pur) accusés d’avoir poignardé à mort Ibrahima Diop, militant de Benno, lors des précédentes violences électorales.
Entendus sur le fond mercredi 13 mars dernier en présence de leurs avocats, les inculpés ont nié les faits devant le juge d’instruction, selon une source proche du dossier. Avec l’audition sur le fond, c’est une étape de la procédure qui leur balise le boulevard de la liberté provisoire. Et même si le juge d’instruction décerne avis favorable lorsque les requérants demanderont un élargissement le temps de l’enquête, un appel du parquet, si prompt à le faire, va clouer les détenus à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Tamba. Cela, comme on le voit dans plusieurs affaires signalées, poussant même certains avocats à estimer que les procureurs de la République retardent le travail des juges d’instruction.
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