L’asthme allergique correspond à une crise d’asthme déclenchée par un élément allergène. Est-ce très différent de l’asthme simple, comment peut-on le traiter ? Le point avec le Professeur Jocelyne Just, chef de service d’allergologie pédiatrique à l’hôpital Trousseau à Paris.
Une allergie est une réaction excessive du système immunitaire face à un composant normalement inoffensif de l’environnement, appelé « allergène ». L’ asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches qui entraîne des crises et des difficultés à respirer. Lorsque ces crises sont déclenchées par un allergène, il s’agit d’asthme allergique.
Les patients asthmatiques ont les bronches beaucoup plus sensibles et réactives que la moyenne : elles sont plus serrées et plus étroites que chez les personnes saines, ce qui empêche l’air de passer correctement. A la clé, difficultés respiratoires , sifflement à l’expiration et toux chronique. Les crises surviennent lorsque les personnes asthmatiques sont exposées à des facteurs déclenchants, qui rétrécissent encore les parois des bronches. « Dans le cas de l’asthme allergique, ces facteurs sont avant tout des allergènes : pollens , acariens , moisissures, poils d’animaux ou même allergies alimentaires », explique le professeur Jocelyne Just, chef de service d’allergologie pédiatrique à l’hôpital Trousseau à Paris. « La pollution ou l’effort peuvent aussi être en cause, comme dans l’asthme simple, mais ici, c’est le facteur allergique qui domine », poursuit le professeur Just.
L’asthme allergique, très lié à l’environnement
L’asthme allergique débute généralement tôt dans l’enfance : avant cinq ans dans 9 cas sur 10. Mais il peut aussi apparaître bien plus tard chez les adultes. Ses causes sont doubles : un terrain génétique favorable et un environnement défavorable, comme l’exposition à des polluants.
C’est la conjonction des deux qui mène à la maladie, qui se plaît particulièrement à notre époque. Les changements environnementaux favorisent en effet l’apparition des crises asthmatiques allergiques. La pollution atmosphérique, en premier lieu, met à rude épreuve les bronches des malades en réduisant le seuil allergique (seuil à partir duquel une crise se déclenche). Les changements climatiques rendent aussi le pollen plus allergisant. S’il était déjà une cause de crises, celles qu’il déclenche sont maintenant plus fortes.
L’asthme allergique est également plus fréquent à cause des microbes : « nous sommes entourés de bactéries qui sont le plus souvent bénéfiques pour nous, elles éduquent notre système immunitaire . Mais l’environnement change et la flore bactérienne évolue : les microbes déclenchent plus d’allergies qu’avant », détaille l’allergologue.
Eviter les allergènes et traiter
Que faire dans ces conditions pour conserver une bonne qualité de vie ? D’abord, éviter au maximum l’allergène. Eviction des animaux à la maison, nettoyage intensif contre les acariens, vie à la campagne … Mais il n’est pas toujours facile de ne pas entrer en contact avec des éléments de l’environnement présents partout. « Si l’allergie est prise précocement, il est possible de désensibiliser les malades, pour les pollens par exemple », rassure Jocelyne Just. Le traitement se fait par exposition progressive pour habituer le corps à ne plus réagir aussi fortement à l’allergène.
Malgré tout, un traitement médicamenteux reste souvent nécessaire. En cas de crise, notamment : les patients gardent sur eux un spray de bronchodilatateurs qui vont élargir leurs bronches et permettre à nouveau le passage de l’air. En cas d’asthme persistant, les corticoïdes inhalés (spray ou poudre sèche) et les bronchodilatateurs de longue durée d’action sont une aide précieuse. « Pour les cas les plus sévères, les médecins peuvent proposer une biothérapie » ajoute la spécialiste. Ils injectent au patient un anticorps monoclonal, qui agit sur l’inflammation et la réaction allergique.
Au-delà des traitements, bien connaître sa maladie permet d’en réduire les inconvénients. C’est le but de l’éducation thérapeutique. Lors de séances en groupe ou individuelles, la personne asthmatique allergique apprend à quoi servent les médicaments, comment éviter les crises, et comment réagir si elles s’aggravent. Peu importe la prise en charge proposée, « l’important est d’agir rapidement quand l’asthme allergique se déclenche car les bronches deviennent anormales au bout d’un moment et ne peuvent plus revenir à leur état initial », conclut Jocelyne Just.
Auteur: Mathilde Ledieu – TopSante