La campagne cacaoyère est lancée cette semaine en Côte d’Ivoire et au Ghana. Les deux pays africains produisent plus de 60% du cacao mondial et ils tentent de se coordonner pour peser davantage sur le marché international. Cela commence par l’annonce des prix versés aux planteurs. Pour la première fois, elle a eu lieu le même jour.
C’était une promesse des deux géants africains du cacao, annoncer simultanément leur prix au producteur pour la nouvelle campagne. L’écart se réduit entre le prix bord champ de Côte d’Ivoire, 750 FCFA le kilo, en augmentation de 50 FCFA, et celui du Ghana qui reste inchangé : 7,6 cedis, l’équivalent de 865 FCFA. Le différentiel n’est plus que de 15%, contre 24% l’an dernier. La contrebande de fèves ivoiriennes vers le Ghana devrait donc baisser.
Système de commercialisation différent
Ce rapprochement des prix au producteur prépare-t-il les deux pays à la formation d’un cartel du cacao ? C’est un premier geste mais il ne peut pas faire oublier que les systèmes de commercialisation du cacao sont très différents d’un pays à l’autre. Au Ghana les fèves sont achetées au producteur et revendues sur le marché par une institution publique, le Cocobod. En Côte d’Ivoire, son équivalent le Conseil Café Cacao détermine le prix minimum au planteur et gère un système d’enchères, mais ce sont les exportateurs privés qui achètent le cacao aux producteurs. Et même si ces exportateurs viennent d’être évincés tout comme les banques de l’établissement public ivoirien, on est loin d’un véritable rapprochement entre les deux systèmes, condition de réussite du cartel selon Fitch Solutions, une division de l’agence de notation américaine.
Stockage coûteux
Le Ghana et la Côte d’Ivoire ont également évoqué précédemment le stockage des fèves pour réguler l’offre. C’est une solution très coûteuse si l’on veut des entrepôts où la température et l’humidité sont contrôlées en permanence. A défaut, les mycotoxines, un taux élevé d’acide gras pourraient dégrader les fèves de cacao. Difficile donc d’imaginer que les géants africains du cacao orientent les cours en stockant longtemps leur cacao.
Transformation locale encore très faible
Leur poids dans la production mondiale devrait de toute façon baisser d’ici 2022, estime Fitch Solutions, de plus de 63% aujourd’hui à 59%. C’est la transformation locale qui pourrait apporter plus de valeur ajoutée, or la Côte d’Ivoire exporte encore les trois quarts de son cacao brut, seulement 10% sous forme de pâte, 3% sous forme de beurre, 1% sous forme de poudre ou de chocolat. L’Indonésie au contraire n’exporte plus que 3% de fèves brutes, tout le reste part transformé.
RFI