La Tunisie prévoit une croissance positive de 4% de son économie, au cours de l’année 2021, mais plusieurs facteurs locaux et extérieurs peuvent entraver la réalisation de ce chiffre, a précisé le ministre tunisien de l’Economie, des Finances et de l’Appui à l’investissement, Ali Kooli lors d’une séance d’audition parlementaire.
Il a estimé que le taux de croissance prévu semble logique, surtout après la baisse enregistrée en 2020, relevant que les indicateurs montrent que la réduction de l’impact de la pandémie de Covid-19 et l’amélioration de la production des phosphates et du pétrole, ainsi que du tourisme pourraient permettre de stimuler la croissance.
Le responsable a, en outre, souligné que le gouvernement a fixé plusieurs critères dans le domaine des taux de change, notamment le taux de change du dinar, du dollar et des prix du pétrole au niveau international.
M. Kooli a expliqué que toute augmentation ou diminution de la valeur d’un dollar, du prix du baril de pétrole, entraînera un effet positif ou négatif de 120 millions de dinars (environ 37 millions d’euros).
De même, chaque modification du taux de change du dinar par rapport au dollar, de 0,10 %, aurait un effet d’environ 70 millions de dinars (21,5millions d’euros), relevant que l’objectif consiste à regagner la confiance des citoyens tunisiens, de l’investisseur local et de l’investisseur étranger en Tunisie.
Et de poursuivre que le gouvernement se penche aussi sur la nécessité de promouvoir l’image de la Tunisie à l’étranger, et de renforcer son rayonnement étant donné son importance pour l’investissement et la notation souveraine du pays.
Par ailleurs, le ministre des finances a prévu une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 4%, des investissements de 17% et des exportations de 10%.
Il a fait savoir que le déficit courant sera de 8% tandis que le taux d’inflation sera plus proche de 5% au cours de l’année 2021, notant que les indicateurs économiques des grands pays illustrent aussi l’importance des répercussions du Coronavirus sur le plan international.
La semaine dernière, l’agence de notation « Fitch Ratings » avait annoncé avoir abaissé la perspective de la Tunisie de « stable » à « négative », tout en maintenant sa notation souveraine à »B ».
L’agence a précisé que ces perspectives négatives « reflètent une aggravation des risques de liquidité budgétaire due à une forte détérioration des finances publiques, suite à la crise de la pandémie de coronavirus ».
Dans un communiqué, l’agence de notation a ajouté que le déficit budgétaire se creusera pour atteindre 10,5 % du PIB en 2020, contre 3,3 % en 2019.
La Tunisie, qui traversait déjà une crise économique, aggravée parla pandémie de Covid-19, a besoin de neuf milliards de dinars (2,8 milliards d’euros) pour boucler le budget 2020 et près de 20 milliards de dinars (6milliards d’euros) pour asseoir celui de 2021.
PIB négatif
D’après la Banque Centrale de Tunisie, le PIB de la Tunisie sera négatif pour la première fois depuis 1962 en raison d’une période exceptionnelle à tous les niveaux.
Selon le Gouverneur de la BCT, Marouan Abassi, la croissance de l’économie nationale en 2020, selon les prévisions, devrait être négative de l’ordre de -7,2, « un excellent chiffre » s’il est réalisé.
Dans ce sens, il a mis en garde contre la hausse du taux de chômage, au cours de la prochaine période, compte tenu des difficultés rencontrées par plusieurs institutions, rappelant une baisse de l’investissement à 13% et de l’épargne à 6%, au cours de l’année 2020, ce qui entrave la réalisation de la richesse dans le pays.
Il a également fait état d’une accumulation de dettes, orientées vers le paiement des dettes antérieures et non l’investissement, relevant que le taux d’endettement pourrait dépasser 90%, au cours de la période à venir.