La messe finale des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) en Pologne, célébrée dimanche par le pape François à Brzegi, près de Cracovie a rencontré un vif succès. Au moins deux millions et demi de personnes y ont assisté, ont annoncé les organisateurs. «Pour l’instant, on estime la participation entre 2,5 et 3 millions», a déclaré Anna Chmura, porte-parole du Comité d’organisation. Cette indication dépasse nettement les estimations officieuses des services de sécurité qui situent la participation autour de 1,5 million. Les organisateurs avaient craint une participation réduite par rapport à leurs prévisions en raison d’une série d’attentats terroristes en Europe.
Dans son homélie pour la messe finale, le souverain pontife a utilisé le langage de l’informatique. La mémoire de Dieu, a-t-il dit, «n’est pas un disque dur qui enregistre toutes nos données, mais un coeur tendre de compassion qui se réjouit d’effacer définitivement toutes nos traces de mal». En prêchant l’espérance, il a demandé aux jeunes de rejeter «la tristesse», un «virus qui infecte et bloque tout, qui ferme toute porte, qui empêche de relancer la vie, de recommencer».
Dans la même veine, il a eu recours au langage informatique pour demander aux fidèles de rejeter «des liturgies mondaines du paraître et du maquillage de l’âme pour paraître meilleurs». «Au contraire, installez bien la connexion la plus stable, celle d’un coeur qui voit et transmet le bien sans se lasser». Dieu espère que «parmi tous les contacts et les chats de chaque jour il y ait à la première place le fil d’or de la prière» et désire que «son Evangile devienne tien et qu’il soit ton navigateur sur les routes de la vie», a-t-il conclu.
Le pape a affirmé que le monde était «en guerre»
Au même endroit, la veille, le pape avait présidé un grand rassemblement suivi d’un concert. Après avoir entendu trois témoignages de jeunes à qui la foi a donné des forces face à leurs problèmes – une Polonaise mondaine, un chrétien syrien d’Alep, et un ex-drogué paraguayen – François les a mis en garde contre le risque de confondre «le divan et le bonheur». Autrement dit, de se contenter d’un confort personnel douillet sans se préoccuper des autres pour se retrouver «étourdis et abrutis tandis que d’autres -peut-être plus éveillés, mais pas les meilleurs- décident de l’avenir pour nous».
Le premier pape latino-américain risquait un accueil tiède dans la patrie de son prédécesseur charismatique Jean Paul II, mais il a rapidement conquis les foules venues à sa rencontre.
Ses discours et homélies n’étaient pas faits pour dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, d’autant que le début de sa visite a été terni par l’assassinat d’un prêtre en France dans une église par deux jihadistes. Encore dans l’avion, il a affirmé que le monde était «en guerre», puis, après avoir visité Auschwitz, il a averti que «la cruauté ne s’était pas arrêtée» à ce camp de la mort créé par les nazis allemands en Pologne occupée.
Sa visite à Auschwitz, l’un des moments les plus marquants
Il a aussi abordé à plusieurs reprises la question des réfugiés, appelant à accueillir «ceux qui fuient la guerre et la faim», alors que le gouvernement conservateur polonais est réticent à accepter l’arrivée de migrants, invoquant des raisons de sécurité.
Les jeunes ont été sommés de ne pas se considérer «comme des retraités à 23, 24 ou 25 ans», et à «ne pas confondre le bonheur avec un divan» et se laisser «étourdir et abrutir» par un confort douillet et les jeux vidéo. C’est aux jeunes, a-t-il dit, qu’appartient d’enseigner aux adultes «à vivre ensemble dans la diversité, dans le dialogue, en partageant la multicultiralité non pas comme une menace mais comme une opportunité.»
Source:leparisien