Il ne gagne jamais mais il est toujours l’homme à battre. Les années passent et la Coupe des Mousquetaires lui échappe systématiquement, mais le n°1 mondial, qui entre en lice aujourd’hui, n’a pas l’air d’en faire une obsession.
La dernière fois qu’on a vu Novak Djokovic sur le court Philippe-Chatrier, il venait de perdre en finale contre Stan Wawrinka, il n’arrivait pas à retenir ses larmes, et il recevait une ovation plus longue, plus forte, plus belle que celle offerte dans la foulée à son vainqueur. Une ovation à rendre jaloux Rafael Nadal, jamais acclamé à ce point lors de ses neuf triomphes à Paris. Une ovation comme même Yannick Noah n’en avait pas reçu en 1983, à une époque où c’était peut-être aussi moins la mode.
Le n°1 mondial avait probablement commencé à s’en rendre compte l’année précédente, sa finale perdue contre Nadal lui avait déjà valu une ovation de l’espace. Mais ce 7 juin 2015, il comprenait définitivement qu’au pays des Verts et de Poulidor, on n’avait rien contre les perdants sympathiques, au contraire. Cette déclaration d’amour du public parisien fut en tout cas « l’un des moments les plus intenses de [sa] carrière », a-t-il dit récemment au Figaro. Même après son premier sacre à Wimbledon, même après son accession à la place de n°1 mondial, même après sa victoire en Coupe Davis à Belgrade, « Djoko » n’avait jamais connu ça. Frissons garantis à chaque rediffusion des images.