Il faut « changer la culture du secret et de l’abus de pouvoir en amendant le droit canon »

Les trois cas (en Irlande, en Australie, aux Etats-Unis) rappelés dans une tribune au « Monde » par la pédopsychiatre Catherine Bonnet, ex-membre de la Commission vaticane chargée de lutter contre la pédophilie dans l’Eglise, démontrent que la révision du droit canon est indispensable.

Tribune. Le pape François pourrait-il amender le droit canon pour protéger les enfants de par le monde ? Si les lanceurs d’alerte au sein de l’Eglise aux Etats-Unis, en Irlande et en Australie avaient été écoutés il y a vingt ans voire trente ans, combien d’enfants auraient été protégés ? Le 12 avril 2010, le guide de la congrégation pour la doctrine de la foi a étendu à tous les pays l’obligation de suivre les lois civiles sur le signalement. Seulement, il y a encore peu de pays dont la législation oblige le clergé à signaler en les désignant.

Cette avancée n’a pas été assez loin. Changer la culture du secret et de l’abus de pouvoir est indispensable en amendant le droit canon, notamment en insérant une exception au secret pontifical, qui régit la confidentialité du droit canon, en cas de violences sexuelles à l’encontre des enfants et des personnes vulnérables et en obligeant le signalement aux autorités compétentes des Etats par tous les évêques et les supérieurs religieux afin que l’Eglise puisse protéger les enfants le plus tôt possible après les faits.

Réserves à la fois morales et canoniques
En Irlande, après les procès d’abus sexuels commis sur 74 enfants par le père Brendan Smith, en janvier 1996, les Conférences des évêques et des supérieurs religieux ont répondu à la crise par un document qui recommandait l’obligation de signaler les suspicions d’abus sexuels. Ils ont saisi le Vatican pour obtenir qu’une exception leur soit accordée par une reconnaissance (« recognitio »), selon le canon 455.

En 2009, le rapport de la Commission irlandaise présidée par la juge Yvonne Murphy a analysé combien il était difficile de comprendre plusieurs articles du droit canon, notamment « le secret pontifical qui oblige au secret ou à la confidentialité de la procédure canonique et que cela pourrait constituer une inhibition à signaler les abus sexuels aux autorités civiles compétentes ». En 1997, une lettre…

Source: lemonde.fr

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