Cette année, le 20 juin, journée mondiale des réfugiés, a de nouveau été à marquer d’une pierre noire.
Les déplacements forcés de populations, qu’ils soient dus à des raisons politiques ou climatiques, sont déjà le drame humain de ce siècle. Si elle n’est pas jugulée, cette dérive à laquelle nous nous habituons et qui empire chaque année – 20 millions de déracinés en 2006 ; 65,3 millions en 2015 – constituera la caractéristique sociétale majeure de notre temps.
Parmi ces 65,3 millions de personnes, on compte 21,3 millions de réfugiés, 3,2 millions de demandeurs d’asile et 40,8 millions de déplacés internes (qui ont fui leur foyer sans quitter leur pays). Au total, un être humain sur 113 est déraciné. Et cette statistique ne prend guère en compte les dizaines, voire centaines de milliers de personnes qui n’atteignent jamais leur destination, perdues dans le désert, englouties par l’océan ou victimes de trafics sans nom.
On ne peut continuer à penser que cette réalité se résorbera d’elle-même. Sur tous les continents, ces 65,3 millions de déplacés et réfugiés survivent dans une précarité insupportable, depuis de nombreuses années pour quantité d’entre eux. Ce chiffre ahurissant est la conséquence la plus tenace de l’échec des politiques de gouvernance des États et des interventions d’acteurs non étatiques.
Le respect des conventions internationales et la solidarité humaine conduisent heureusement de nombreux pays à accueillir des millions de personnes et à leur porter secours, tandis que beaucoup d’autres aident les institutions dans ce sens. Mais ces démarches louables ne doivent pas faire oublier le point le plus critique : les récentes décisions et pratiques de certains acteurs européens, qui érodent les valeurs universelles d’éthique et de solidarité, interpellent les consciences et lézardent les conventions et protocoles.
Pour rendre la situation plus dramatique encore, 86 % de ces 65,3 millions de personnes résident dans des pays à faible revenu. Il importe aujourd’hui de traiter le problème des réfugiés et des migrations par une approche combinée et globale, en réadaptant les instruments aux réalités actuelles. Il est également impératif d’élargir et d’approfondir le débat.
En conclusion, trois pistes méritent d’être examinées de toute urgence et sans équivoque : la prise de conscience, par les acteurs politiques, de ce phénomène durable, auquel il faut accorder autant d’importance qu’au changement climatique ; la reconfiguration des mécanismes d’accueil et de gestion des populations en mouvement, en allant vers une plus grande politique d’intégration ; enfin, à défaut de prévention, la recherche plus active de solutions concourant à atténuer les causes de ces déplacements.
Portée par les États et les institutions concernées, avec la participation de la société civile, cette approche pourra permettre d’arrêter cette dérive. Au-delà des mots, des technologies, des finances et des matières premières, seuls contenus, aujourd’hui, de la mondialisation, il est temps de donner une véritable âme et une substance pérenne à cette réalité en mouvement.
Source:jeuneafrique